Le mois dernier, Magazine Luiza, l'un des poids lourds de la grande distribution au Brésil, a annoncé que pour améliorer la diversité raciale dans les rangs de ses managers, la chaîne lançait un programme de recrutement et de formation destiné exclusivement aux Brésiliens dits « afro-descendants », autrement dit, des noirs et des métis. L'initiative a été prise par la fondatrice et patronne de la chaîne de distribution, Luiza Trajano, après la prise de conscience que ses top managers étaient exclusivement blancs. En outre, l'entreprise a noté que ses effectifs sont composés de 53% de noirs ou de métis, et que 16% seulement d'entre eux ont un poste à responsabilité. « Les noirs ne postulent tout simplement pas pour évoluer dans l'entreprise, a déclaré Luiza Trajano dans une interview à la télévision. Le Brésil a connu l'esclavage pendant 350 ans, la majorité de la population est noire. La situation actuelle, celle d'une population qui vit encore en marge, illustre le racisme structurel du pays ». Magazine Luiza a décidé d'offrir un salaire mensuel équivalent à 1.000 euros, soit six fois le salaire minimum, avec des avantages comme une couverture santé, à un maximum de vingt candidats qui auraient obtenu un diplôme universitaire entre 2017 et 2020 et qui seraient recrutés dans le cadre de ce nouveau programme. Si l'initiative est louable, dans un pays où, selon les statistiques officielles, la population noire est très largement sous-représentée dans les postes de management et où les noirs ne gagnent, dans leur ensemble, que 56 % de ce que perçoivent les blancs, elle a suscité la colère du défenseur fédéral des droits, Jovino Bento Junior. Si d'autres défenseurs locaux dans le pays se sont publiquement désolidarisés de son avis, ce dernier a déclaré lancer des poursuites contre Magazine Luiza. De son point de vue, un tel programme de recrutement et de formation, basé « exclusivement sur la couleur de la peau », constitue une forme de discrimination. Même s'il a admis que certaines actions visant une plus grande diversité dans les effectifs pouvaient être prises par les entreprises, « chacun doit avoir un accès égal au marché du travail », a-t-il insisté. Et il s'inquiète du fait que d'autres structures suivent l'exemple de Magazine Luiza, en limitant l'accès « à l'emploi et aux revenus aux candidats blancs ». Bref, selon lui, cette initiative n'est que du marketing…