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Un institut britannique suggère de plafonner les salaires « excessifs »

L’actualité internationale | publié le : 08.10.2020 | Lys Zohin

Des plafonds devraient être introduits pour les salaires « excessifs » afin de sauver une partie de l'industrie et de redistribuer la richesse, avance l'institut de recherche progressiste, Autonomy, dans un récent rapport. Tandis que la Banque d'Angleterre estime que le nombre de chômeurs sera de 2,5 millions d'ici la fin de l'année outre-Manche, Autonomy pointe également le fait que sur les 40 pays les plus développés, le Royaume-Uni se classe neuvième parmi ceux qui affichent les plus grandes inégalités. Or, les entreprises pourraient se permettre d'augmenter les salaires les plus faibles, et cela, pour 9 millions de personnes, en plafonnant simplement les revenus du 1 % des dirigeants qui gagnent le plus (ceux qui touchent l'équivalent de plus de 175.000 euros par an), déclare l'institut de recherche. Un salaire minimum de 10,50 livres de l'heure (soit environ 11,50 euros) pourrait être mis en place si un plafond sur les gros salaires – les limitant ainsi à un maximum équivalant à 205.000 euros par an – était adopté par les entreprises. Pour l'heure, le salaire minimum britannique est de 8,72 livres (un peu plus de 9,50 euros) de l'heure pour ceux qui ont 25 ans et plus. Selon un récent sondage, une majorité de Britanniques (54 %) seraient en faveur d'un plafond imposé par l'État sur le salaire maximum. Pour 70 % d'entre eux, ce niveau de salaire devrait se situer dans une fourchette de 100.000 à 300.000 euros par an. Certes, de tels plafonds, qui toucheraient au Royaume-Uni quelque 310.000 personnes, signifieraient un manque à gagner certain pour le fisc, puisque les dirigeants les mieux payés apportent plus d'un tiers du total des montants d'impôt sur le revenu collectés par l'administration fiscale. Et les augmentations sur les bas salaires ne pourraient pas compenser cette perte. Mais, argumente Autonomy, cette baisse de la collecte pourrait être contrebalancée par une réduction des dépenses sociales (puisque les plus mal lotis auraient davantage de moyens), de même qu'elle donnerait lieu à de moindres mouvements d'optimisation fiscale de la part des mieux lotis si la richesse était plus équitablement répartie. D'autant que les salaires les plus élevés n'ont cessé de grimper ces dernières années. Le Chartered Institute of Personnel and Development a mis en lumière le fait qu'en moyenne, le dirigeant d'une société cotée est aujourd'hui payé 126 fois ce que touche le salarié moyen au Royaume-Uni, contre seulement 58 fois en 1999. Pour Will Stronge, directeur de recherche de l'institut Autonomy, « gagner l'équivalent de 100.000 euros par an est considéré, selon les critères de nombreux citoyens, comme excessif. Une meilleure distribution de la richesse permettait non seulement d'augmenter les salaires, mais aussi de créer des emplois ». En avril dernier, en pleine pandémie, un rapport d'un autre institut de recherche, le High Pay Centre, avait déjà fait remarquer que les entreprises cotées qui mettaient – aux frais de l'État – leurs salariés au chômage partiel ou total en raison de la crise sanitaire, avaient versé près de 4 millions d'euros par an en moyenne à leur dirigeant en 2019.

Auteur

  • Lys Zohin