En mars dernier, Facebook a annoncé dix semaines de congés payés supplémentaires pour les salariés dont les enfants étaient privés d'école en raison de la pandémie. D'autres poids lourds de la tech américaine ont suivi le mouvement. Mais cette logique, qui veut que les parents ne soient guère en vacances lorsqu'ils doivent s'occuper de leurs enfants au lieu de travailler, n'est pas acceptée par tous les salariés. Les sans-enfants, chez Facebook, Twitter et autres, ont vite posté des commentaires sur ce qu'ils considèrent comme une injustice. Par exemple : « Les avantages offerts dans le sillage de la crise sanitaire bénéficient en premier lieu aux parents », quand ce n'était pas : « Les non-parents qui se rebellent ne sont pas égoïstes, ils sont exploités », estimant que leur charge de travail s'était accrue du fait de l'absence de leurs coéquipiers parents. Le 20 août dernier, à l'occasion d'une conférence interne virtuelle réunissant l'ensemble des salariés, 2.000 d'entre eux ont demandé à Sheryl Sandberg, la directrice des opérations, ce que Facebook avait l'intention de faire pour soutenir les non-parents, puisque, selon eux, les initiatives prises bénéficiaient essentiellement aux parents. Embarrassée, celle-ci a déclaré d'abord qu'elle n'était pas d'accord avec l'analyse, puis a mis en avant le fait que tous les salariés, quel que soit leur statut de parent ou non-parent, avaient reçu un chèque pour couvrir leurs dépenses en équipement de télétravail. Les non parents ont insisté, demandant une réponse écrite. Sheryl Sandberg s'est simplement répétée, ajoutant que la politique de Facebook avait toujours visé « l'inclusion de tous »... Selon la presse américaine, Facebook a dû éliminer des posts sur des forums internes, tant ils étaient agressifs. Et le fossé risque de persister, puisque Facebook a annoncé en août dernier que les parents se verraient également octroyer dix semaines supplémentaires en 2021.