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Un lanceur d'alerte espagnol demande la protection de l'Union européenne

L’actualité internationale | publié le : 31.08.2020 | Lys Zohin

Machine a Ecrire - lanceurs d alerte


La directive européenne de 2019 sur la protection des lanceurs d'alerte ne prendra effet (pour les organisations publiques et privées de plus de 50 salariés) qu'en 2021, mais Roberto Macías, un whistleblower espagnol, a déjà fait appel à l'Union pour être protégé. Au cours de quatre années de travail en Andalousie en tant que cadre de l'UGT, l'un des grands syndicats espagnols, Roberto Macías s'est mis à soupçonner le syndicat qui, selon lui, facturait des actions de formation en direction de salariés et de chômeurs pour, en fait, obtenir des subventions régionales et vivre sur un grand pied. Licencié économique en 2012, il avait, en 2013, fait filtrer des informations dans la presse sur ses soupçons, qui ont mené à des poursuites dans le cadre d'une retentissante affaire de corruption.

Mais c'est lui, pour l'instant, qui a été condamné... En effet, les dirigeants locaux du syndicat ont non seulement nié toute utilisation illégale de l'argent public, mais en plus, ils ont réussi à remonter, grâce à l'informatique, la piste de Roberto Macías, qui avait fait une dénonciation anonyme à la presse. Argumentant qu'il avait enfreint la loi espagnole sur la protection de la confidentialité en entreprise et qu'il aurait dû alerter la police plutôt que la presse, le syndicat l'a poursuivi. Roberto Macías a été condamné par un tribunal andalou à deux ans de prison.

L'appel de Roberto Macías à Bruxelles, déjà possible même si la directive n'est pas encore appliquée, sera un premier test pour l'Europe. La nouvelle directive, qui doit encore être transposée dans nombre d'États, n'offrant pas de protection aux lanceurs d'alerte, donnera aux entreprises l'obligation d'adopter des dispositifs permettant aux lanceurs d'alerte de s'exprimer et de réagir dans les trois mois suivant le lancement d'une alerte. Selon une étude menée par la Commission européenne en 2017, le manque de protection des lanceurs d'alerte ferait perdre aux entreprises de l'Union beaucoup d'argent. Rien qu'en matière de contrats publics, entre 5,8 et 9,6 milliards d'euros s'évaporeraient en effet chaque année en raison de la corruption.

Auteur

  • Lys Zohin