Un recruteur et deux candidats malheureux (l'un à un recrutement, l'autre à une promotion en interne), tous trois noirs, viennent de porter plainte auprès de la Commission fédérale sur l'égalité de l'emploi contre Facebook, qu'ils accusent de biais racistes en matière d'évaluation des candidatures de professionnels noirs et d'évolution de carrière. Plus de 500 annonceurs ont déjà décidé de boycotter le réseau social en raison d'un comportement qu'ils jugent trop laxiste envers les propos haineux et racistes qui circulent sur le réseau. Selon la plainte, Facebook violerait les lois fédérales et de l'État de Californie « en discriminant les salariés et les candidats noirs en matière de recrutement, d'évaluation, de promotions et de salaires, et en créant un environnement hostile ».

En cause notamment, des pratiques de recrutement, communes dans toute l'industrie de la tech, et qui se fondent en particulier sur « l'adéquation culturelle » et une préférence pour des recommandations venues de salariés déjà en poste. Or, du fait que les collaborateurs en place sont majoritairement blancs ou d'origine asiatique, ces pratiques pénalisent les candidats noirs, font valoir les plaignants. Au début de cette année, un autre recruteur spécialisé dans la diversité a poursuivi Facebook (pour 100 millions de dollars), sur le même thème. Et en 2018, un ancien salarié avait publié une lettre intitulée : « Facebook a un problème avec les Noirs ». Une accusation relayée un an plus tard dans un mémorandum émis par des salariés indiquant que : « Facebook a toujours un problème avec les Noirs ». Selon le dernier rapport diversité de Facebook, sur ses 48000 salariés, moins de 4% des effectifs basés aux États-Unis sont noirs, un pourcentage qui tombe à 3% pour le top management. Les autres géants de la Silicon Valley ne font pas mieux. Les rangs des « top leaders », chez Apple, ne comptaient, en 2018 (date du dernier rapport diversité de l'entreprise) que 3% d'Afro-américains. Chez Alphabet (maison mère de Google), les pourcentages sont tout aussi bas. La plainte qui vient d'être déposée pourrait donner lieu à une action de groupe contre Facebook. Mais la Commission fédérale sur l'égalité de l'emploi enquêtera d'abord, pour déterminer s'il y a eu ou non discrimination.