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Le fossé salarial entre patrons et salariés s'est élargi en Suisse

ISRH | L’actualité internationale | publié le : 08.07.2020 | Lys Zohin

Les salaires que les PDG et dirigeants des grandes entreprises suisses ont empochés en 2019 ont été en moyenne 148 fois plus élevés que le salaire des collaborateurs les moins bien payés dans la même entreprise, selon les calculs récemment publiés par l'Unia. En 2018, dans les 37 plus grandes sociétés suisses, le ratio entre les patrons et salariés au bas de l'échelle était en effet de 142, souligne le syndicat helvétique. En comparaison, aux États-Unis, les PDG des 350 plus grandes entreprises gagnaient, en 2018, 312 fois la moyenne des salaires de l'ensemble des salariés en dessous d'eux, selon les calculs de l'Economic Policy Institute, tandis qu'en France, Oxfam a dénoncé dans un rapport le fait qu'en 2018, « un dirigeant du Cac 40 avait déjà gagné l'équivalent d'un Smic annuel le 2 janvier »...

Les écarts les plus larges ont été enregistrés en Suisse, chez Roche, où le salaire (équivalent à près de 15 millions d'euros) du PDG, Severin Schwan, représente 308 fois le montant des plus bas salaires chez le géant de la pharmacie. Le salaire du patron d'UBS, Sergio Ermotti, représentait de son côté 241 fois le niveau salarial le plus bas dans la banque. Quant au revenu d'Ulf Mark Schneider, le patron de Nestlé, il était 230 fois plus élevé que le montant perçu par les salariés au bas de l'échelle dans la société.

En outre, l'Unia souligne que certaines entreprises contournent les règles, dont celle qui limite, depuis une votation de 2013, les golden handshakes en cas de départ, en octroyant des bonus différés, par exemple. Ainsi, Ulrich Spiesshofer, l'ancien PDG d'ABB, une entreprise helvético-suédoise spécialisée dans les technologies, recevra l'équivalent de 12 millions d'euros deux ans après son départ, parce qu'il a respecté une clause de non-concurrence. De son côté, Tidjane Thiam, l'ancien PDG de Crédit Suisse, devrait percevoir l'équivalent de près de 30 millions d'euros, alors qu'il a quitté la banque, en février 2020, dans le sillage d'un scandale de mises sur écoute de certains top managers par la direction (même si le PDG nie toute implication de sa part), dont l'un en particulier était parti à la concurrence, chez UBS. Et, bien entendu, le syndicat s'émeut des généreux dividendes versés aux actionnaires, tandis que, dans le même temps, certaines entreprises ont réduit les heures travaillées des salariés. Le syndicat critique également l'austérité salariale des entreprises suisses en général, et en particulier pour les travailleurs les moins bien lotis. Les montants les moins élevés équivalent à 3700 euros, ce que l'Unia considère comme en dessous du minimum vital en Suisse.

Auteur

  • Lys Zohin