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Sur le terrain

Engagement : Le management juste et éthique selon Ilex

Sur le terrain | publié le : 16.03.2020 | Lys Zohin

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Engagement : Le management juste et éthique selon Ilex

Crédit photo Lys Zohin

La société, spécialisée dans la maintenance et la réparation d’ascenseurs, a su faire sa place au milieu des multinationales du secteur. Sa particularité ? Son dirigeant, qui pratique un management fondé sur la « vertu ».

Jean-Claude Georges est aujourd’hui à la tête d’un groupe de 15 sociétés, détenues en partie par les salariés, et qui prospère dans la maintenance et la réparation d’ascenseurs, un secteur où les groupes internationaux comme Otis Elevator Company tiennent le haut du pavé. Avec 230 salariés et un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros, la société mère Ilex, qu’il a fondée en 1989 à Antibes, s’est diversifiée, en ajoutant à l’installation d’ascenseurs celle de portes de garage et de contrôle d’accès. Son succès tient pour beaucoup à l’engagement au quotidien des collaborateurs. Pour l’obtenir, Jean-Claude Georges a peaufiné un mode de management fondé sur la bonne intention, l’éthique et la vertu. Il a tâtonné, cherché des réponses auprès d’autres entrepreneurs dans sa région et consulté des experts comme Michael Shanks, professeur de Business Ethics à l’École de commerce et de management de Marseille. « L’éthique est souvent réduite à ce qui est légal ou non, indique ce dernier, alors qu’étymologiquement, il s’agit de s’intéresser au caractère d’un individu. » Pour ce spécialiste, le management éthique consiste donc « à exercer son jugement en conscience et à vouloir le bien. Dans le cadre d’une activité collective, les organisations ont la capacité d’accéder à un bien interne, poursuit-il, même si nombre de sociétés estiment que c’est impossible ».

Pas d’objectifs pour les commerciaux

Jean-Claude Georges a considéré, lui, que c’était possible. « D’abord, l’entreprise doit offrir un salaire juste au collaborateur. Ensuite, elle doit le faire progresser dans ses compétences et faire en sorte qu’il augmente son employabilité, dans l’entreprise ou ailleurs », explique-t-il. Tous ses salariés sont formés dans cet objectif. Mais le PDG d’Ilex ne s’est pas arrêté là. « Ce que je voulais, c’est développer l’humanité des collaborateurs, pour qu’ils deviennent la personne qu’ils aimeraient être. » Concrètement, cela signifie, par exemple, que les commerciaux d’Ilex n’ont pas d’objectifs. « Ce n’est qu’un plafond de verre, qu’on va s’efforcer d’atteindre, mais sans le dépasser, de peur de se voir imposer d’autres objectifs plus difficiles à atteindre l’année suivante. », avance Jean-Claude Georges. Chez Ilex, le seul but du commercial est de travailler dans l’intérêt du client. Cela peut aller jusqu’à lui conseiller de choisir la proposition d’un concurrent si elle s’avère meilleure ! C’est la confiance entre le client et l’entreprise qui fera la différence.

Garder sa liberté

Jean-Claude Georges évoque volontiers le cas de l’un de ses commerciaux, qui était prêt à céder aux demandes d’un client très exigeant… « Je lui ai proposé de retourner chez le client pour lui dire que sa façon de faire n’était pas acceptable », raconte-t-il tranquillement. Ce que le commercial a fait. Et il a décroché le contrat… « Il s’agit de poser les bonnes intentions, résume l’associé gérant d’Ilex, tout en aidant bien entendu les salariés avec bienveillance. » Il cite encore le cas d’un cadre fraîchement arrivé et qui donnait des ordres à la standardiste. « Elle l’a convoqué – oui, convoqué, car cela peut se faire chez nous – pour lui dire ce qu’elle pensait de son comportement. » Autant dire que l’humilité est une vertu cardinale dans la société. « Si un commercial revient devant les équipes avec un contrat signé et dit, “j’ai remporté l’affaire”, “nous avons remporté l’affaire” ou “vous avez remporté l’affaire”, cela fait une grande différence », dit-il. « Un collaborateur qui se met au service du client et au service des autres dans l’entreprise pourra évoluer chez nous », précise encore le dirigeant. Des qualités humaines qui se traduisent dans les salaires, calculés sur les compétences, mais aussi en fonction du comportement du collaborateur dans la vie de tous les jours.

Tous les soirs, Jean-Claude Georges fait le bilan de la journée et se demande s’il a agi selon ses principes d’éthique. « L’éthique me permet de me juger moi-même. Et il y a encore du boulot ! », s’exclame-t-il. « Le bien est parfois difficile à faire, concède Michael Shanks. Il faut du courage. » Après quinze ans de pratique de management « vertueux », Jean-Claude Georges avoue bien volontiers qu’il continue de s’améliorer tous les jours…

Auteur

  • Lys Zohin