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Les clés

Éloge de la concertation en entreprise

Les clés | À lire | publié le : 16.03.2020 | Lydie Colders

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Éloge de la concertation en entreprise

Crédit photo Lydie Colders

Après Sortir de la culture du chef, Michel Hervé, président du groupe Hervé, revient avec un nouveau livre, Pour une révolution de la confiance. Un appel à transformer l’entreprise vers une démocratie « concertée ». Une lecture intéressante sur le partage des savoirs… et du pouvoir.

Adepte d’un management autonome qu’il a mis en place dans son entreprise, Michel Hervé livre ici un long plaidoyer en faveur d’une « démocratie concertative », qui devrait s’appliquer selon lui à tous les pans de la société : système scolaire, entreprise ou économie. Si le monde change et s’ouvre, « il est aussi devenu conformiste » et trop rationalisé par les technologies, estime ce patron. Loin de s’ouvrir à l’extérieur et d’encourager « le besoin de créer naturel » des jeunes et des salariés, cette culture techniciste qui a envahi le monde du travail conduirait à « l’autocontrôle, l’auto-rationalisation », ne laissant plus de place « aux instincts et à l’intuition », déplore-t-il. Critiquant ce formatage qui mènerait « à trop d’obéissance », voire à un « abêtissement », Michel Hervé dresse un constat sévère de la rigidité des entreprises, étayé par les sciences humaines et sociales. Un réquisitoire contre l’innovation rationnelle et procédurale, le big data « qui dévalue l’intelligence humaine ». Ou le pouvoir des dirigeants « trop monarchique », qui nuirait à la créativité.

Un management par « le consensus »

Pour « libérer l’intelligence », il faudrait donc changer de modèle. Michel Hervé défend l’intérêt d’évoluer vers un management concerté pour stimuler les idées, en finir avec le conformisme et la contestation tue des salariés face aux décisions imposées d’en haut qui rongent « à petit feu les organisations ». Son livre en détaille les préceptes : la clé serait de mélanger cadres de la R &D et opérateurs, de « partager les savoirs » intellectuels et manuels. Mais aussi de « diluer le pouvoir » de la hiérarchie et du capital, ce qu’il prétend avoir fait dans son groupe avec son réseau « d’entrepreneurs créateurs ». Le propos, intéressant, reste avant tout philosophique. On retiendra l’idée phare de l’auteur qui croit au consensus : « Le pouvoir ne doit pas être concentré dans un individu mais confié à l’équipe dans son ensemble, le manager n’étant qu’un représentant, à l’échelon supérieur, des décisions prises par le groupe. » Son rôle serait « de catalyser » les idées, de gérer « les microconflits » pour aboutir à un accord commun, sans imposer sa loi… Si ce patron prône aussi de laisser les équipes se fixer « leurs objectifs et leurs stratégies » et de lâcher le contrôle, sa vision reste très entrepreneuriale : « libérer le potentiel » d’un individu, ce serait « lui permettre de créer et d’entreprendre ». Avec les moyens adéquats…

Auteur

  • Lydie Colders