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RPS : Mobility s’inspire des sports extrêmes pour gérer le stress

Sur le terrain | publié le : 09.03.2020 | Lys Zohin

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RPS : Mobility s’inspire des sports extrêmes pour gérer le stress

Crédit photo Lys Zohin

La sécurisation des infrastructures de transport, spécialité de Mobility, est une activité stressante. La filiale de Vinci Énergies s’est associée à une expérience scientifique menée sur une expédition à la voile pour aider ses chefs de projets à « domestiquer » leur stress.

Intervenir dans les tunnels du métro. Réparer, de nuit, une ligne de chemin de fer. Boucler des chantiers en un temps record… Les activités de Mobility, la filiale de Vinci Énergies (plus de 65 000 collaborateurs présents dans une cinquantaine de pays), spécialisée dans la conception, l’équipement, la gestion et la sécurisation des infrastructures de transport, génèrent du stress chez les gestionnaires de projets. « Nous avions eu quelques cas individuels, mais il nous était difficile de voir plus loin que ces alertes ou les enquêtes que nous menions régulièrement sur les risques psychosociaux », indique Delphine Franc, la directrice RH. En parlant de ces situations de façon collégiale, la direction de Mobility a décidé d’étudier le stress au niveau de l’organisation. Première prise de conscience : le contexte dans lequel évoluent les équipes est objectivement facteur de stress. Pas question, donc, d’être dans le déni. Mais une fois le stress assumé, pas question d’en rester là. Trouver des parades, « comme imposer une sieste quotidienne aux collaborateurs n’aurait pas apporté grand-chose », souligne Fabrice Vermot-Desroches, coordinateur du programme sur le stress en interne.

Suivi du capitaine

Par un concours de circonstances, une suite a pu être donnée à la reconnaissance du stress dans l’organisation. Mobility est, en effet, sponsor de Maewan, une expédition à la voile autour du monde, qui réunit des sportifs de l’extrême. « Nous ne voulions pas particulièrement communiquer sur la prise de risques », précise Delphine Franc. Pour que le sponsoring prenne tout son sens, Mobility a donc l’idée, avec Rémy Hurdiel, chercheur à l’Unité de recherche pluridisciplinaire sport, santé, société, de l’université de Lille, d’entreprendre une étude portant sur les éventuels troubles du sommeil des navigateurs. Avec l’ambition de transposer ensuite les résultats dans l’entreprise. Car de la même façon qu’Erwan Le Lann, capitaine du Maewan, doit gérer une douzaine d’équipiers – des sportifs au caractère bien trempé et confinés dans un espace réduit, affrontant des conditions extrêmes du pôle Nord au pôle Sud, les chefs d’équipes de Mobility doivent manager dans des situations difficiles. Remy Hurdiel a analysé des données collectées au cours d’une période de 150 jours, portant sur l’état de fatigue et d’anxiété de l’équipage, vérifié chaque jour par le biais d’un questionnaire.

En outre, le capitaine, considéré comme le plus stressé de tous, puisqu’il avait la responsabilité de l’expédition, a fait l’objet d’un suivi spécifique. Une fois les enseignements tirés de cette expérience et partagés avec les équipes de Mobility, des axes de travail, sous la forme d’un programme baptisé « Improve your way », ont été dégagés pour une mise en œuvre opérationnelle, au sein de petits groupes. Le but ? Savoir mieux gérer le stress. « Il s’agit de le domestiquer », précise ainsi Vincent Garcin, un collaborateur de Mobility qui a participé au programme. D’abord, en libérant la parole. « Le simple fait d’en parler équivalait à une permission d’éprouver du stress et nous avons constaté qu’il diminuait », dit-il.

Définir les rôles

En outre, d’autres pistes de gestion du stress se sont dégagées. Ainsi, lors du lancement d’un nouveau projet d’envergure – l’un des points de stress maximum – les équipes en coconstruisent l’organisation. Chacun voit son rôle bien défini, et les objectifs sont partagés. De quoi donner une vision générale à tous et du sens à chacun. Et chacun a aussi le pouvoir d’agir, ne serait-ce qu’en alertant sur ses difficultés. Même chose pour un autre point culminant de stress, la revue du projet, parfois vécue comme un « tribunal » par les chefs de projet. Enfin, la DRH a mis au point une série de formations spécifiques pour aider les équipes à gérer leur stress. Et c’est un nouveau mode de travail qui s’est dégagé. La façon de procéder a même été baptisée « Enjoy together »…

Le livre blanc rédigé à la suite de l’expérience du Maewan, ainsi que le programme « Improve your way », font, désormais, partie intégrante de la vie des collaborateurs de Mobility. « Aujourd’hui, c’est un nouvel état d’esprit qui règne, libre et bienveillant, estime Delphine Franc. Les collaborateurs n’hésitent plus à venir me voir ou à parler à leur supérieur du stress qu’ils peuvent ressentir. »

Auteur

  • Lys Zohin