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Management : Les salariés seuls face à la transformation

L’actualité | publié le : 09.03.2020 | Gilmar Sequeira Martins

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Management : Les salariés seuls face à la transformation

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

Près de la moitié des salariés travaillent désormais dans un environnement en « transformation », selon un sondage réalisé par Viavoice pour Les Temps Nouveaux et publié en exclusivité par Entreprise & Carrières. Une situation inédite qui soulève la question du mode d’accompagnement des collaborateurs et de leur relation avec la direction.

La transformation va-t-elle devenir le mode habituel de fonctionnement des entreprises ? Selon l’étude réalisée en janvier par Viavoice pour le cabinet Les Temps Nouveaux, 44 % des salariés vivent actuellement « des réorganisations de service ou de l’entreprise ». Ils sont par ailleurs déjà 29 % à constater des « changements dans leur manière de travailler ». Les métiers se transforment aussi selon 26 % des salariés. Pour Christian Boghos, directeur général des Temps Nouveaux, ces indicateurs révèlent un changement de rythme fondamental : « Il y a quelques années, les transformations étaient planifiées sur trois ans. Aujourd’hui, cette durée est souvent raccourcie à dix-huit mois, douze mois, voire moins encore. C’est un phénomène nouveau. » Cette accélération tient à deux facteurs. D’abord l’évolution des technologies, toujours plus rapide, mais aussi celle des secteurs d’activité qui subissent ces évolutions technologiques ou encore la mutation des usages.

Cartographie des motivations

Selon Christian Boghos, cette situation inédite remet en question le mode d’accompagnement des collaborateurs, confié traditionnellement au management intermédiaire, voire au management de proximité. Une erreur car ce sont les directions qui devraient s’approprier cet enjeu majeur. Prenant acte de la fragmentation du corps social français, sous l’effet de crises sociales successives, le consultant estime qu’a émergé « une dynamique de concurrence entre groupes sociaux qui mine la cohésion sociale ». Ce phénomène n’épargne pas les entreprises. « Il fait émerger de nouveaux groupes sociaux qui sont sans lien avec les référentiels métiers, note Christian Boghos. Aujourd’hui, mesurer le climat social en prenant pour base les catégories de métiers a ses limites. Il faut désormais comprendre les collaborateurs des entreprises en fonction de leurs motivations, des raisons pour lesquelles ils s’engageraient davantage. » Le sondage indique d’ailleurs que pour 80 % des salariés, ce sont les « affinités personnelles » qui constituent le moteur de leur regroupement (voir graphique).

Dès lors, que faire ? L’enjeu majeur sera, selon Christian Boghos, de constituer une cartographie des collaborateurs en partant de leurs motivations individuelles : sont-ils attachés à l’entreprise parce qu’elle leur permet de satisfaire leur besoin de stabilité, ou au contraire de pouvoir régulièrement mener des missions différentes, d’augmenter leur pouvoir d’achat, ou encore de travailler sur leur employabilité ? « Ce sont ces motivations qui constituent le cœur d’un groupe social interne à l’entreprise et qui orientent sa lecture des messages de l’entreprise », précise le consultant.

Cette lecture initiale pourrait alors irriguer la conception des messages à adresser aux différents « groupes sociaux identifiés » au sein de l’entreprise. À cette reconfiguration de l’accompagnement des collaborateurs pourrait aussi s’ajouter un feed-back qui permettrait d’adapter la stratégie au fur et à mesure de sa mise en œuvre. Pour soutenir cette nouvelle conception de l’accompagnement des salariés dans la transformation, Christian Boghos rappelle que 49 % des collaborateurs des entreprises estiment que les directions sont déconnectées du terrain, 46 % déclarent ne pas se sentir soutenus par l’entreprise et 41 % se disent indifférents. « Ces chiffres démontrent clairement l’étendue massive de l’inertie qui s’est installée dans les organisations », souligne le consultant. Produit de l’approche traditionnelle de l’accompagnement, cette apathie risque cependant d’être le plus grand obstacle à surmonter pour engager un autre mode d’échange entre, cette fois, la direction et les salariés.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins