En périphérie lilloise, à Sainghin-en-Mélantois, Ciel et Terre construit depuis dix ans des centrales solaires fonctionnant sur des plans d’eau. Cette entreprise compte une centaine de salariés qui conçoivent des panneaux photovoltaïques installés sur des flotteurs résistants et recyclables. Même si la plupart de ses collaborateurs travaillent sur des sites à l’étranger, le fondateur attaché à ses racines du Nord est sensible à l’environnement social et aux problématiques territoriales. « Dans une ville comme Roubaix, située à proximité, il existe encore beaucoup de pauvreté alors qu’y vivent de jeunes talents dont on a un fort besoin en entreprise », constate Bernard Prouvost, dirigeant de Ciel et Terre. Or, grâce au programme Émergence, Ciel et Terre contribue à instaurer une plus grande diversité sociale dans le monde du travail.

Depuis six ans, la société est mécène pour ce programme d’origine nordiste, qui propose une aide financière, sous forme de bourse, à des étudiants issus de milieux défavorisés. « Ces jeunes ont besoin d’argent pour subvenir à leur quotidien, explique Bernard Prouvost. S’ils sont obligés d’avoir un petit travail le soir ou pendant le week-end, la réussite de leurs études est compromise.

Certains parcours demandent un gros investissement en temps, en concentration et en énergie. Sans support, c’est une ségrégation en fonction des revenus familiaux. Or ces jeunes sont nos ingénieurs de demain ! »

Le volet financier de l’accompagnement de l’entreprise est essentiel, car il permet à certains jeunes de poursuivre de longues études ou de faire leur cursus dans une école privée parfois onéreuse. Il est d’autant plus impactant que Ciel et Terre y ajoute d’autres avantages. Émergence propose notamment une formule de parrainage entre les étudiants boursiers et les professionnels au sein d’entreprises partenaires. « Lorsqu’on participe à la fois au mécénat et au parrainage, c’est alors un vrai partage, en réciprocité. Cet échange a du sens pour l’étudiant et pour nous, souligne Bernard Prouvost. Cela permet d’abord de démystifier l’entreprise. Le jeune peut y entrer dans un autre contexte qu’à travers un stage. Dans notre cas, on lui fait découvrir le secteur de l’énergie renouvelable. Puis on l’invite à certaines fêtes, informelles souvent. L’idée est que l’étudiant passe des moments simples avec nos collaborateurs. Tisser des relations donne confiance. »

Le fondateur de Ciel et Terre a lui-même été le parrain du premier jeune accompagné par sa compagnie. « Ensuite, nous avons proposé à nos salariés de prendre le relais pour épauler deux autres jeunes du programme Émergence, raconte Bernard Prouvost. Ils ont répondu favorablement et disent même ressentir, depuis, un attachement plus fort à l’entreprise. En s’impliquant directement auprès de filleuls, ils comprennent toute l’utilité de notre mécénat et voient à quoi sert cet argent. Ils se rendent compte que nous avons des enjeux économiques, mais aussi des valeurs et d’autres objectifs qui vont au-delà de la question de rentabilité. Accorder de l’importance à ces partages humains concrets est un enrichissement au niveau des relations internes de l’entreprise. »

Bernard Prouvost résumait ainsi récemment le sens et le contenu du programme Émergence devant des chefs d’entreprise du Nord : « L’aide très professionnelle fournie dans le cadre du programme est déterminante pour les jeunes qui en bénéficient. Une fois diplômés, ces étudiants deviennent des exemples positifs pouvant inciter d’autres talents issus de milieux modestes. »

Les entreprises mécènes d’Émergence s’engagent pour toute la durée des études du jeune qui est accompagné. « La moyenne est de cinq ans, précise Tiphaine Duquesnes, manager du programme. Notre sélection recrute entre trente et cinquante nouveaux bacheliers chaque année. Donc, annuellement, nous renouvelons le challenge de trouver des partenaires pour les épauler humainement et financièrement. » Créé en 2002 par Aréli, bailleur associatif dans le Nord, le dispositif a déjà permis à plus de 700 jeunes de faire des études. Plus de 450 d’entre eux sont diplômés et en poste à ce jour. « Pour la prochaine promotion de lauréats, six entreprises et deux fondations ont signé des conventions de partenariat. Pour l’instant, cela va permettre à onze jeunes de démarrer leurs études à la rentrée de septembre 2020. »