Le bilan de compétences, c’est bien, mais le bilan de sens, c’est encore mieux. C’est ce qu’a constaté Arnaud Monnier, directeur exécutif d’Accenture Interactive, une entité du groupe Accenture spécialisée dans les solutions connectées pour accompagner les grandes marques et transformer l’expérience client. Accenture Interactive s’est intéressé depuis bientôt quatre ans à cette nouvelle méthode pour donner du sens au travail de collaborateurs en proie à des états d’âme. « Cette idée a tout de suite résonné chez nous, déclare ainsi Arnaud Monnier. Nous avions perçu le besoin chez certains collaborateurs. » Des jeunes, par exemple, qui souhaitent que leurs aspirations profondes – être plus libres, changer le monde, jouer un rôle impactant dans la société civile… – soient d’une manière ou d’une autre alignées avec la mission que leur a confiée leur employeur. Quitte, dans certains cas, à changer de carrière. En effet, « l’objectif n’est pas de garder le collaborateur à tout prix, mais de l’aider à se sentir bien. Et si nous prenons soin de donner du sens à l’action collective dans l’entreprise, auprès de nos 450 collaborateurs, cet objectif dépasse la mission professionnelle pour aller vers l’individuelle », souligne Arnaud Monnier. La culture RH d’Accenture Interactive favorise l’identification de candidats potentiels au bilan de sens. « Chaque mois, l’encadrant mène un entretien individuel avec les membres de l’équipe pour jauger l’état d’esprit et la satisfaction – ou l’insatisfaction – des collaborateurs, la relation est fluide », explique le dirigeant. Et certains collaborateurs, en particulier les jeunes, n’hésitent pas à aborder cette question du sens. Parfois, ce sont les spécialistes RH qui, avec le directeur exécutif, évoquent la possibilité de proposer cette solution. Elle n’a cependant concerné jusqu’à présent qu’une poignée de collaborateurs.

L’outil mis au point par Mathilde Forget n’a rien à voir avec un simple bilan de compétences, souvent offert à des salariés sur le départ. « Je suis moi-même passée par une période de questionnement profond, et je me suis rendu compte que les initiatives prises par les entreprises, en matière de bien-être des collaborateurs, ne répondaient pas à ce besoin », explique-t-elle. Elle a donc créé sa propre méthode.

Son intervention prend la forme d’un accompagnement d’une dizaine d’heures, au cours desquelles elle guide d’abord, lors d’une discussion, le collaborateur dans l’expression de son questionnement. « Il ne s’agit en aucun cas d’un test de personnalité ni d’une évaluation des capacités, comme dans le bilan de compétences », souligne Mathilde Forget, mais bien de mettre sur la table ce qui préoccupe profondément son interlocuteur. Puis, la coach opère une synthèse, et enfin, vient le moment du brainstorming, afin d’envisager des solutions, des projets, des initiatives à prendre, sur le court et le long terme, et répondre ainsi au besoin exprimé. « Il s’agit donc dans un premier temps d’amener le collaborateur à se poser les bonnes questions, puis à trouver les réponses adéquates et de monter des projets envisageables », résume-t-elle. Car il n’est pas question de laisser partir, si c’est le choix qui se dessine, un collaborateur démuni dans sa quête de reconversion. « Il en va de la responsabilité de l’entreprise de lui offrir un tremplin pour s’orienter vers un nouveau parcours professionnel », insiste ainsi Arnaud Monnier. Le dirigeant d’Accenture Interactive cite le cas d’un jeune collaborateur qui cherchait davantage d’indépendance dans ses fonctions. Après son bilan de sens, il a finalement opté pour un statut de free-lance – et travaille encore pour Accenture Interactive, devenu l’un de ses clients… D’autres sentent que leur vocation est de s’occuper des autres ou de se rapprocher de la nature.

Et autant de nouvelles aventures peuvent se mettre en place. Dans le cas d’Accenture Interactive, grâce au mécénat de compétences, auprès de populations peu adeptes du numérique par exemple. Et la demande est forte. Mathilde Forget, seule coach en France à proposer la formule du bilan de sens, aussi bien auprès des entreprises – dans les services, la santé ou autre – que des particuliers, a déjà, depuis cinq ans, accompagné quelque 400 personnes. « Les gens ont besoin d’aligner leurs activités et leurs désirs profonds, conclut-elle. Sans cela, ils ont tendance à se sentir impuissants et frustrés ».