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Entreprise : Un ambassadeur pour prêcher la bonne parole en Normandie

Le point sur | publié le : 02.03.2020 | Irène Lopez

Depuis le 1er mars 2020, la loi « Avenir professionnel » contraint les entreprises de 50 à 250 salariés à publier leur premier index de l’égalité salariale femmes-hommes. Imposé aux grands groupes depuis un an et aux ETI depuis sept mois, l’index a été réaménagé pour faciliter la tâche des PME. Des chefs d’entreprise aguerris à l’exercice ont été délégués auprès de leurs pairs. Charles Lebaudy, président de la Biscuiterie de l’Abbaye, est l’un de ces ambassadeurs.

« C’est une contrainte supplémentaire », « Je manque de temps », « Je n’ai pas les ressources nécessaires », « Je ne possède pas les bonnes données »… Voici quelques phrases entendues par les équipes de la direction régionale des entreprises de Normandie (Direccte) lorsqu’elles vont à la rencontre des PME concernées par l’obligation de publier un index en matière d’égalité salariale femmes-hommes. Pour mieux faire passer la pilule, quoi de mieux qu’un entrepreneur qui y est parvenu ? Cela est encore plus efficace lorsque ce dernier est archiconvaincu de la nécessité d’offrir le même salaire aux hommes et aux femmes à travail égal.

C’est le cas de Charles Lebaudy, président de la Biscuiterie de l’Abbaye, dans l’Orne, depuis 2011. Il a repris l’entreprise familiale créée par son arrière-grand-père dans le village de Lonlay-l’Abbaye. En 2018, 240 salariés produisaient les sablés normands, inscrits au patrimoine culinaire de la Normandie. Aujourd’hui, l’effectif de la biscuiterie atteint 270 personnes. L’entreprise produit 8 000 tonnes de biscuits par an et a affiché 46 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Charles Lebaudy n’a attendu aucune des injonctions légales pour favoriser la mixité au sein de ses équipes et rémunérer d’un salaire identique hommes et femmes, à travail égal. Dès 2005, la biscuiterie s’enorgueillissait d’offrir un même traitement à ses salariés. Aujourd’hui, avec la note de 99/100, l’entreprise fait figure d’exemple.

C’est pourquoi le chef d’entreprise a été intronisé ambassadeur de l’égalité salariale par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Son rôle est de sensibiliser les PME de sa région au calcul de l’index et à l’égalité salariale femmes-hommes. L’index, sur 100 points, se calcule à partir de quatre indicateurs : l’écart de rémunération femmes-hommes, l’écart de répartition des augmentations individuelles, le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé de maternité et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations.

« Nous avons une responsabilité »

Les équipes de la Direccte normande connaissent bien Charles Lebaudy. La Biscuiterie de l’Abbaye est une entreprise où la responsabilité sociétale fait partie de l’ADN du président. « Nous ne nous limitons pas à la réglementation. Nous allons toujours plus loin. Deux exemples : 9 % de nos salariés présentent un handicap ; une salariée s’occupe de la qualité de vie au travail à temps plein. Notre biscuiterie est située dans un petit village d’environ 1 000 habitants. En tant qu’entreprise familiale, nous avons une responsabilité », confirme le dirigeant.

C’est accompagné d’une référente de la Direccte que Charles Lebaudy a rencontré les dirigeants des PME concernées. La représentante de l’administration du travail s’est chargée de la partie technique et de la réglementation. À lui, le récit de son histoire, celle de la biscuiterie, du recrutement des salariés et de leurs parcours professionnels… sans omettre les difficultés qu’il a rencontrées.

La boulangerie est un métier d’hommes

« La boulangerie est un métier d’hommes. Très peu de femmes suivent des formations initiales diplômantes qui permettent de devenir boulanger. Au pétrissage et à la maintenance, seuls des hommes travaillaient. Pour féminiser l’équipe du service maintenance, nous avons procédé au recrutement de deux femmes en interne. Après une formation et une augmentation de salaire, elles ont quitté le service du conditionnement où elles officiaient précédemment. »

À la biscuiterie, il n’y a pas de discriminations. Les salaires dépendent strictement de fiches métiers. « Il n’y a aucun écart genré, indique le président de l’entreprise. Nous mettons ensuite tout en œuvre pour faire monter en compétences les salariés hommes et femmes. »

Face aux chefs d’entreprise qui se plaignent de la difficulté à traiter leurs données pour calculer l’index, Charles Lebaudy présente les outils mis en place par le ministère du Travail : une hotline, un simulateur. Aux plus réticents, il rappelle que l’entreprise s’expose à une pénalité financière jusqu’à 1 % de sa masse salariale annuelle. Un argument sensible auprès de dirigeants de PME.

Auteur

  • Irène Lopez