Dans les entreprises, il est courant de privilégier ceux qui se mettent en avant et parlent beaucoup. On ne fait pas grand cas des introvertis. Moins visibles, trop timides, trop effacés. Cette opinion ne serait-elle pas fondée sur des fausses représentations ?

Les introvertis représentent tout de même un tiers à la moitié de la population ! On les reconnaît principalement à leur goût pour le calme, la réflexion intérieure, et leur besoin de ressourcement dans la solitude ou en très petit comité. Les extravertis au contraire aiment partager leurs idées, apprécient l’animation autour d’eux, et rechargent leurs batteries par des moments forts vécus avec d’autres. Les deux profils sont nécessaires dans les équipes, mais au lieu de survaloriser les extravertis, peut-être peut-on apprendre aussi des introvertis.

Les introvertis ne sont pas timides, et il est faux de dire qu’ils n’aiment pas parler. Ils ont simplement besoin d’une raison pour s’exprimer ou agir. Donnez-leur la parole sur un sujet qu’ils connaissent bien ou qui a du sens pour eux, et vous les verrez parler avec ferveur pendant une heure ! Certes, ils n’aiment pas parler de la pluie et du beau temps. Ils réagissent principalement à ce qui a du sens. Écouter avec attention. L’entreprise veut devenir plus empathique avec ses clients ? Cela passe d’abord par observer ce que dit son interlocuteur et prendre en compte objectivement les faits. Les introvertis ont souvent assez naturellement ces habitudes, ils ont derrière eux des années d’expérience d’observation silencieuse et d’écoute d’autrui.

Quand une nouvelle situation se présente, l’extraverti aime répondre par l’action. L’introverti préfère prendre un peu de recul. Pour la créativité, il en est de même, l’introverti a besoin de réflexion personnelle avant de sauter dans le brainstorming de groupe. Le collaboratif pour tout le fatigue. Il a besoin de chercher son inspiration à l’intérieur de lui-même, dans ses lectures et ses réflexions, plutôt que d’interagir immédiatement. À notre époque qui ne sait plus réfléchir, c’est un atout.

L’introverti se focalise sans problème sur les projets qui le motive. Au travail, il ne lâchera pas facilement un sujet dont il est responsable. Chez lui, il peut passer un week-end entier sans sortir s’il fait avancer un projet qui lui tient à cœur. Il reste absorbé, focalisé.

Les conversations longues au téléphone et les commérages ennuient. Il préfère les conversations concises, celles qui vont direct au but, et une fois que c’est fini on raccroche. En réunion, il n’aime pas non plus les conversations qui dérivent ou qui tournent autour du sujet. Parler doit être utile.

L’introverti a besoin de recharger ses batteries régulièrement, et pour cela il apprécie la solitude. C’est son moyen de se retrouver lui-même, de se reconnecter avec ses émotions profondes, d’intégrer son expérience. N’est-ce pas une piste qui pourrait en inspirer d’autres ?