logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chroniques

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 02.03.2020 | Denis Monneuse

Image

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

La pause déjeuner est-elle source d’énergie ou de fatigue ?

On dit souvent que la pause déjeuner

est une exception française au sens où nous attachons plus d’importance à ce moment de la journée en France que les autres pays. Par exemple, nous profitons de ce repas pour parler affaires ou bien nous prenons bien plus de temps que nos voisins européens pour manger. Quand nous le pouvons, nous prenons le temps de discuter avec nos collègues de la météo, de nos enfants, de nos vacances, du film qu’on a vu la veille à la télévision… ou bien pour dire du mal de notre patron !

Est-ce que cette sacro-sainte pause déjeuner

est réellement un temps qui permet de nous ressourcer, de refaire le plein d’énergie pour tenir tout l’après-midi ? On peut parfois en douter puisqu’on sait bien qu’on risque de ressentir une baisse d’énergie après le repas, en particulier si on a trop mangé.

Plusieurs chercheurs se sont demandé

à quelles conditions les pauses déjeuner pouvaient réellement accroître notre niveau d’énergie. John Trougakos, de l’université de Toronto, et trois autres collègues, Ivona Hideg, Bonnie Hayden Cheng et Daniel Beal, ont décidé de mener l’enquête. Pour cela, ils ont demandé à 103 salariés d’une université nord-américaine de remplir un questionnaire pendant dix jours à la fin de leur pause déjeuner. Quant à leurs collègues, ils devaient évaluer le niveau d’énergie de ces participants à la fin de la journée afin de voir quel avait été leur état de forme l’après-midi. John Trougakos et ses collègues ont publié les résultats de leur enquête dans la revue Academy of Management Journal.

Qu’en ressort-il ?

Tout d’abord, sans surprise, les salariés de l’université qui ont pris du temps pour se relaxer à midi ou pour voir des gens apparaissent les moins fatigués en fin de journée. En revanche, ceux qui ont travaillé pendant leur pause déjeuner sont les plus fatigués.

Ce qui est plus intéressant,

c’est l’importance de l’autonomie dont disposent les salariés. Quand ils ont pu choisir la manière d’utiliser leur pause déjeuner, ils ont été moins fatigués, y compris quand ils ont choisi de travailler entre midi et deux. Cela peut être le cas de parents qui souhaitent terminer au plus tôt leur travail afin de chercher leurs enfants à la crèche ou à la garderie.

Ne pas avoir le choix

de la façon d’organiser sa pause déjeuner nuit à notre niveau d’énergie. Par exemple, il arrive qu’on ait des réunions de travail autour d’un plateau-repas. Il arrive aussi qu’on soit forcés de rencontrer des gens et de faire la conversation à midi, comme lorsque notre employeur organise un pot ou un repas festif. Manger avec des collègues qu’on n’a pas choisis et devoir faire bonne figure devant sa hiérarchie n’est pas vraiment de tout repos.

Bref, pour avoir des salariés en pleine forme

l’après-midi, les employeurs ont tout intérêt à ne rien leur imposer lors de leur pause déjeuner afin qu’ils choisissent en toute liberté ce qu’ils souhaitent faire : du sport, des courses, travailler, voir des amis, ne rien faire…

(1) Trougakos, J. P., Hideg, I., Cheng, B. H., & Beal, D. J. (2014). Lunch breaks unpacked : The role of autonomy as a moderator of recovery during lunch. Academy of Management Journal, 57 (2), 405-421.

Auteur

  • Denis Monneuse