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Sur le terrain

Santé et sécurité au travail : Lilly France peaufine la prévention

Sur le terrain | publié le : 24.02.2020 | Mathieu Noyer

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Santé et sécurité au travail : Lilly France peaufine la prévention

Crédit photo Mathieu Noyer

Le site français du groupe pharmaceutique américain implique ses 1 300 salariés dans l’identification et le traitement des situations de risque, en partant de leur quotidien.

Aucun mètre carré de l’usine Lilly France n’échappe à la prévention des risques professionnels. Le site pharmaceutique de Fegersheim, près de Strasbourg (Bas-Rhin) cherche à impliquer l’ensemble des 1 300 collaborateurs sur cette importante thématique. Cette démarche menée progressivement depuis sept ans n’est pas étrangère à l’excellent bilan du site en termes d’accidents du travail, encore confirmé en 2019 par un taux de fréquence de 1,43, soit huit fois moindre que la moyenne de sa branche, et un taux de gravité de 0,02. La culture que cette organisation traduit, et sa capacité à en imbriquer les échelons de manière efficace, ont valu à cette filiale de groupe américain le grand prix sécurité 2019 de la Carsat Alsace-Moselle. « La capacité de Lilly Fegersheim à bien hiérarchiser les actions immédiates de prévention au quotidien et celles de plus long terme constitue l’une de ses forces », salue Caroline Sevino, contrôleur sécurité à la Carsat.

« Installer une gouvernance complète de la prévention à l’échelle des zones de production nous a paru décisif pour nous améliorer », expose Christian Hauptmann, responsable HSE. Cette conviction a débouché sur la constitution de 14 comités SSE (santé-sécurité-environnement) couvrant toutes ces zones, complétés de deux comités transversaux sur le risque électrique et la culture sécurité en général. Ils réunissent chaque mois des superviseurs, des membres des services HSE et santé au travail et des représentants des services de production et de support de l’îlot concerné, ainsi que des relais SSE.

Plus de 80 relais sécurité

Ces derniers sont l’autre pilier de l’organisation : ce sont des salariés volontaires occupant une fonction sans rapport direct avec la HSE, qui sont la « voix » de leurs équipes sur l’identification et la remontée des situations à risque et des pistes d’amélioration. Ils sont aussi les relais d’information du service HSE et l’exemple à suivre dans le respect des règles. Au début de leur mission, ils signent une charte détaillée d’engagement à remplir leurs tâches au mieux. Le site de Fegersheim compte ainsi 82 relais SSE, nommés pour une durée d’un an renouvelable.

Ainsi « quadrillée », l’usine devait encore trouver les nouveaux sujets dépassant le strict cadre réglementaire pour motiver ses troupes. « La réduction des erreurs critiques, l’invitation à faire remonter les actions d’amélioration positive assortie d’une gratification – morale, NDLR –, des focalisations particulières sur l’ergonomie et sur les presqu’accidents – near miss en anglais – constituent nos leviers », indique Daniel Parmentelot, référent au service HSE. La première notion, qui renvoie aux erreurs qu’on le commet sans le vouloir, fait l’objet d’une analyse selon l’outil SafeStart. D’origine américaine, sa promotion au sein du site fait partie des missions des relais SSE. Il identifie quatre techniques pour les réduire : prendre conscience d’un état défavorable (précipitation, frustration, fatigue, excès de confiance) et le corriger ; repérer les « chaudes alertes », autrement les situations qui ont manqué de peu de se produire et auraient pu entraîner des conséquences plus importantes ; identifier les erreurs commises ailleurs sur le site ; améliorer ses propres habitudes. « L’outil, que nous avons adapté à nos spécificités, apporte aux collaborateurs la dose de méthode nécessaire pour garder le cap de la prévention », souligne Christian Hauptmann. Autre outil appliqué à Fegersheim, d’origine canadienne celui-là, les rapid events traitent plus particulièrement de l’ergonomie, à partir de l’identification de dix postures contraignantes. Elles ont déclenché un millier d’actions d’amélioration depuis sept ans.

Mais c’est l’évolution du signalement des « presqu’accidents » qui traduit sans doute le mieux cette implication globale des salariés du site : « D’un nombre de 24 en 2012, presque ridicule vu notre taille, nous sommes passés à 800 par an désormais. Signe que la culture de la déclaration préventive s’est diffusée à tous », souligne Christian Hauptmann. Selon le service HSE, elle ne court-circuite pas les IRP, mais renforce leur rôle de supervision, pour s’assurer que les comités et relais SSE sont bien en place partout et fonctionnent. Délégué CFTC du site, Gilles Loris confirme constater un « travail de terrain par les opérateurs, qui est complémentaire » de celui de la commission santé-sécurité du CSE qui succède au CHSCT, « avec des effectifs moindres », pointe-t-il toutefois.

Auteur

  • Mathieu Noyer