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RSE : Les entreprises aéroportuaires s’engagent pour l’insertion

Sur le terrain | publié le : 24.02.2020 | Valérie Auribault

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RSE : Les entreprises aéroportuaires s’engagent pour l’insertion

Crédit photo Valérie Auribault

Plusieurs entreprises opérant sur les plateformes aéroportuaires d’Ile-de-France ont créé un fonds de dotation. L’objectif est de subventionner des actions d’intérêt général favorisant l’accès à l’éducation, la formation, l’insertion professionnelle. Un programme qui s’inscrit dans un contexte de difficultés de recrutement sur des profils non qualifiés.

Recruter plus de 100 000 personnes dans les dix ans à venir sur les bassins d’emploi de Roissy et d’Orly. Le défi est de taille et concerne tous les secteurs d’activité : sûreté, maintenance, sécurité, accueil, escale, restauration, navigation aérienne, commercial, marketing, fret, hôtellerie… À l’heure actuelle, 1 025 entreprises y emploient 87 085 collaborateurs. Un chiffre qui devrait considérablement augmenter dans les quinze prochaines années du fait de l’accroissement du trafic aérien. Selon les prévisions, celui-ci devrait compter plus de 30 millions de passagers supplémentaires d’ici à 2030-2033. Une fréquentation qui aura des retombées en termes de créations d’emplois. Or, même si le marché de l’emploi est dynamique sur le territoire francilien, les recruteurs se heurtent souvent à un faible niveau de qualification de bon nombre de postulants.

Pour remédier à cette situation, huit entreprises du groupe Aéroports de Paris (ADP) ont décidé de s’associer, en février 2018, autour d’un projet d’insertion par l’emploi : le Fonds de dotation de la communauté aéroportuaire de Paris (FDCAP). Le but est de soutenir des associations qui accompagnent les populations en difficulté sur les territoires d’Ile-de-France.

Un engagement sociétal

« L’écart est de plus en plus important entre le niveau des candidats et les compétences exigées. Les actions du fonds de dotation ont également du sens pour nos salariés », explique Marie Bodin, directrice RSE et de la transformation digitale et de l’innovation au sein de CityOne, spécialisée dans l’accueil et l’animation. Actuellement, sur la plateforme aéroportuaire, 250 salariés sur 700 sont en insertion. « Certains salariés des plateformes aéroportuaires, eux-mêmes illettrés, peuvent être accompagnés à travers des formations prises en charge par le fonds. Même s’il est difficile de les repérer car ne pas savoir lire, compter ou écrire reste un sujet tabou, et certains ont pris l’habitude de contourner ces carences. C’est pourquoi nous nous mobilisons pour que leur niveau de qualification progresse », explique Riad Tristan Hatik, délégué général du FDCAP.

Pour la bonne cause, certaines sociétés aéroportuaires en concurrence ont laissé leur rivalité de côté. « C’est un engagement sociétal et pas uniquement économique », insiste Marie Bodin. « J’en parle moi-même à mes clients. Un nombre important de salariés est confronté à l’illettrisme. Je ne l’imaginais pas avant que le fonds soit créé, reconnaît Jacques Gindre, secrétaire général du FDCAP et PDG de Mulliez-Flory (vêtements de travail), partenaire d’ADP. Ce projet commun nous donne plus de force pour agir et nous permet de partager nos connaissances et d’échanger sur les bonnes pratiques à adopter. »

Plusieurs associations de lutte contre l’illettrisme et pour l’insertion ont été sélectionnées par le FDCAP. #Stopillettrisme, la Cravate solidaire, le Réseau national mission emploi… font partie des organismes subventionnés. L’association #Stopillettrisme accompagne, notamment, les salariés analphabètes à travers des formations professionnelles. Le Réseau national mission emploi propose des candidats répondant aux exigences des entreprises. « La création de ce fonds est vertueuse car il faut recréer du lien public-privé. Les entreprises peuvent ainsi se décharger de tout l’aspect administratif qui les encombre et dont nous nous chargeons. Quel contrat pour quel public ? Les entreprises n’ont pas le temps de gérer cela. Nous, si », explique Jérôme Laverny, directeur général du Réseau national mission emploi. Programmes d’éducation, de formation et d’insertion, les associations permettent à toute une frange de la population francilienne d’intégrer le tissu économique aéroportuaire.

Évolution des parcours

Se former, maîtriser davantage les compétences requises, permet ensuite aux salariés de gravir les échelons. « De l’accueil à la vente ou à la restauration, le fonds est là pour permettre l’évolution des parcours au sein de la plateforme. Il donne la possibilité aux salariés de performer dans les multiples entreprises aéroportuaires », poursuit Marie Bodin. En deux ans, le FDCAP est passé de huit membres à vingt-quatre aujourd’hui. L’objectif est d’attirer de plus en plus d’entreprises pour développer d’autres actions. Un projet de création d’une École de cuisine mode d’emploi à Roissy CDG est déjà lancé. Le fonds développe aussi un partenariat avec un lycée professionnel pour créer une formation de vente dans le secteur du luxe pour l’année 2021.

Auteur

  • Valérie Auribault