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Sur le terrain

Mécénat : À la Société générale, des collaborateurs choisissent les œuvres d’art

Sur le terrain | publié le : 24.02.2020 | Lucie Tanneau

Pour compléter sa collection d’œuvres d’art, la Société générale a décidé de faire appel à des experts, mais associe aussi quelques salariés volontaires chaque année. Une expérience différente et enrichissante que les passionnés apprécient.

La Société générale, comme de nombreuses grandes entreprises, acquiert régulièrement des œuvres d’art. Pour la banque, il n’est en aucun cas question de spéculation, mais cette politique de mécénat s’inscrit dans son soutien à l’art contemporain. « Notre collection a été créée en 1995 par Marc Viénot (PDG de la Société générale de 1986 à 1997, NDLR) au moment où nous avons emménagé dans les tours de La Défense, à destination de collaborateurs, pour mettre en résonance le monde de l’art avec celui de l’entreprise et pour égayer les lieux », commente Caroline Guillaumin, la DRH de la banque. Quinze à vingt œuvres sont achetées chaque année (sauf en période de réduction des coûts). Plutôt des œuvres de jeunes artistes, pas ou peu cotés, sans souci de valorisation. « Nous ne suivons leur valeur qu’à des fins d’assurance », précise la DRH.

Échanges et rencontres

Reste qu’il faut tout de même les choisir. Pour cela, une commission d’acquisition a été mise en place. Depuis 2011, des collaborateurs y côtoient le directeur général Frédéric Oudéa, Séverin Cabannes (directeur général délégué), Caroline Guillaumin et deux experts en art. « Nous organisons deux sessions d’acquisition par an et lançons pour chacune un appel aux salariés volontaires. » L’annonce est diffusée auprès des 45 000 collaborateurs français. « Les personnes intéressées nous proposent leur candidature en expliquant pourquoi elles veulent participer grâce un formulaire sur l’intranet », détaille la DRH. « Nous ne cherchons pas des experts, mais des personnes qui ont une appétence pour l’art, qui sont capables d’en parler, voire qui veulent proposer des artistes à notre collection », précise Caroline Guillaumin.

Quatre collaborateurs au maximum sont sélectionnés par les chargés de mécénat de la banque. Ils rencontrent alors les experts et commencent le travail de sélection. « Nous avons tous proposé des artistes », raconte Anne-Claire d’Eimar De Jabrun, product manager au service marketing (activité cash management corporate), qui a fait partie du comité pour la première session de 2018. « Quand j’ai candidaté, je n’avais pas d’œuvre précise en tête, mais je suis très intéressée par l’art. Je vais régulièrement dans les musées et galeries d’art et je participais aux conférences d’histoire de l’art organisées par la banque. Cette opportunité de voir un peu de l’intérieur comment fonctionne le marché de l’art et les transactions m’intéressait vraiment, décrit-elle. Avec les experts et les autres salariés, nous avons échangé, puis parfois rencontré des artistes ou des galeristes pour affiner notre recherche et sélection. C’était passionnant de voir les réserves des galeristes, les œuvres qui ne sont pas exposées, d’avoir un dialogue plus intime avec eux… Puis, en juin, nous avons présenté un catalogue d’œuvres à la direction générale. »

Une expérience valorisante

Chaque collaborateur présente « ses » œuvres, explique pourquoi elles s’intégreraient bien dans la collection et en quoi elles correspondent aux valeurs de la société. Les experts détaillent ensuite les coûts et les profils des artistes. « Nous n’avons pas d’exigences ou de demandes précises, souligne Caroline Guillaumin. Ils font vraiment leur choix selon leurs goûts personnels, même si parfois nous avons demandé qu’ils soient en lien avec les pays dans lesquels nous sommes implantés, comme par exemple en associant l’art africain ou asiatique. » Anne-Claire De Jabrun et ses collègues ont notamment choisi une photographie de Coco Armadeil et une peinture de Jan Kolata. « J’ai beaucoup apprécié le côté collaboratif. Le monde de l’art est un monde d’experts, qui paraît fermé, et y faire une incursion a été une véritable expérience nouvelle. Désormais, quand je vois les œuvres dans les couloirs, je me sens plus proche, j’ai l’impression de pouvoir en parler davantage, comme si j’étais moins spectatrice, mais un peu plus actrice », se félicite-elle.

« Ce qui nous intéresse, c’est l’envie, la passion des collaborateurs, reprend Caroline Guillaumin. Je ne suis pas une experte en art mais ça rend l’environnement de travail plus agréable et je crois qu’il peut apporter quelque chose aux collaborateurs. Pour ceux qui participent au comité, partager un moment privilégié, convivial avec la direction générale et les experts est aussi intéressant. » « Ce sont des acteurs que l’on ne croise pas tous les jours », confirme Anne-Claire De Jabrun, « c’est appréciable de les rencontrer pour parler d’art, et non d’un sujet business, ça crée une proximité, ça sort du quotidien. Chacun exprime son opinion sur un pied d’égalité. C’est un contexte inhabituel et c’est très valorisant de pouvoir intervenir, au même titre que des experts. »

La collection de la Société générale comprend 570 œuvres originales et 750 lithographies en France.

Auteur

  • Lucie Tanneau