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Sur le terrain

Management : Smart étend son processus décisionnel participatif

Sur le terrain | publié le : 24.02.2020 | Carine Mandère

La coopérative de travailleurs Smart, née en Belgique et en plein essor en Europe, développe actuellement en France un nouveau processus participatif appelé Smart In Progress. Cette démarche vise à expérimenter et à améliorer la prise de décision collective au sein de l’entreprise partagée.

Lors de la réunion lilloise de Smart, en début d’année, William interroge l’animatrice : « Où puis-je lire le compte-rendu de la dernière assemblée générale ? Sur le site de l’entreprise ? » Ce salarié reconnaît qu’il ne s’était pas intéressé à la question alors qu’il travaille pourtant depuis dix ans au sein de cette coopérative. Créée en Belgique sous un modèle associatif en 1998, Smart s’est d’abord fait connaître comme facilitateur dans le domaine culturel afin d’offrir aux professionnels du secteur artistique une meilleure sécurité sociale. Ces professionnels s’inscrivent dans la structure pour y trouver un cadre juridique hébergeant leur activité économique. En retour, moyennant un pourcentage du chiffre d’affaires qu’ils peuvent facturer, des feuilles de salaire sont établies et ils cotisent ainsi à l’assurance chômage, à la retraite et à une mutuelle. La couverture sociale liée à cette activité salariée les libère de démarches administratives et comptables souvent complexes et chronophages lorsqu’on est indépendant.

Forte de son succès en Belgique, Smart s’est implantée dans huit autres pays européens. En France, depuis 2009, l’organisation a regroupé d’abord des artistes puis s’est ouverte à d’autres secteurs d’activité et est devenue une coopérative. En 2018, on comptabilisait en France et Belgique 27 100 utilisateurs actifs des outils mutualisés et gérés par Smart.

Entreprise partagée

La typologie de l’entreprise correspond aux mutations du monde du travail, où grandit le souhait de fonctionnement en mode free-lance, sans patron. « C’est une entreprise partagée, explique Anne-Laure Desgris, membre depuis octobre 2019 du nouveau binôme d’administrateurs délégués. Smart appartient aux travailleurs indépendants qui s’associent pour développer leurs activités économiques, en autonomie solidaire. L’avantage principal est de se procurer des revenus socialisés et fiscalisés. Ensuite, l’organisation doit s’adapter aux besoins de ses salariés qui se diversifient. C’est un projet en constante évolution. »

Lors du passage en coopérative, la participation de toutes les parties prenantes a été sollicitée. « Plus de 4 000 salariés ont déjà contribué. Cette forme d’usage de concertation est bien instaurée dans les sites belges où Smart existe. Nous capitalisons cette expérience pour déployer la démarche dans les autres villes en France. Nous souhaitons maintenant tester la démocratie en grand », ajoute l’administratrice déléguée. Le processus Smart In Progress est expérimental car, à sa connaissance, il n’existe pas d’autre exemple à échelle équivalente : « C’est dommage car on pourrait s’appuyer sur des modèles déjà éprouvés. Mais le faire-ensemble n’est pas très répandu, fonctionner de cette manière n’est pas toujours facile. »

Gouvernance participative

Pour la session 2019-2020 de Smart In Progress, 22 réunions sont prévues dans des villes françaises où Smart est implantée. L’animation se fait à deux : un travailleur-entrepreneur et un salarié permanent de Smart (qui en compte 260, notamment pour assurer l’administratif et la partie comptable des activités des membres de la coopérative). L’objectif de cette première édition française de Smart In Progress est de produire des recommandations. « Elles seront instruites par le conseil d’administration de Smart et validées lors de l’assemblée générale planifiée début juin, précise Anne-Laure Desgris. Certains petits sites Smart étant éloignés de grandes villes, la participation numérique est proposée et de plus en plus utilisée. L’idée est que les recommandations, une fois votées, puissent prendre forme dans le plan stratégique de Smart. Ainsi, le fonctionnement de l’entreprise partagée peut évoluer pour le bien de tous ses membres avec des décisions qu’ils ont prises collectivement. C’est une façon d’organiser de façon méthodique le cycle décisionnel et d’inciter la gouvernance participative active que Smart promeut. »

Les services de Smart diffèrent du portage salarial. Le projet implique une participation des usagers-salariés qui sont sociétaires de l’entreprise partagée. La mutualisation d’outils et de lieux, un esprit de solidarité et de vie coopérative sont considérés comme essentiels dans le fonctionnement.

Auteur

  • Carine Mandère