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Les clés

L’entreprise : trop coupée des aspirations des salariés ?

Les clés | À lire | publié le : 17.02.2020 | Lydie Colders

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L’entreprise : trop coupée des aspirations des salariés ?

Crédit photo Lydie Colders

Les entreprises ne peuvent plus ignorer le besoin grandissant des salariés de trouver du sens à leur vie, soutient Didier Pitelet, président du Cercle du leadership. Dans le livre collectif La révolution du non, qu’il a coordonné, les auteurs dressent un constat sévère du fossé qui s’est creusé entre dirigeants et collaborateurs, y compris dans les politiques RH marketées. Une critique intéressante, moins probante par son plaidoyer humaniste.

Des boulots vides de sens, des jeunes ou des managers qui « ont envie de tout plaquer » pour se reconvertir dans l’artisanat ou l’agriculture biologique, « jamais le désir de se réaliser dans sa vie n’a été aussi fort », affirme Didier Pitelet. Une tendance de la société à laquelle les entreprises ne peuvent plus rester sourdes, selon le président du Cercle du leadership. Regroupant des opinions de consultants, de DRH ou de patrons de PME, ce livre ausculte la fracture qui s’est creusée entre dirigeants et salariés. Un passage en revue assez franc : déshumanisation des lieux de travail, (open-space, flex-office « surtout fait pour gagner sur le foncier »), organisations matricielles « qui ont causé des dégâts considérables sur la santé des équipes », « oligarchie » dirigeante déconnectée, défiance accentuée depuis la crise de 2008…

En outre, les patrons et les DRH apportent de mauvaises réponses à ce besoin « d’authenticité » des salariés, à grands coups de « mode » qui ne convainc personne, fustigent les auteurs.

Haro sur les modes

Ce n’est pas en développant l’innovation numérique ou le changement à tous crins qu’elles répondraient à leurs aspirations. Ni en développant des discours marketing RH relevant « du gadget » : « Plus les entreprises parleront en termes d’expérience salarié, plus elles donneront l’image d’une sorte de théâtre où chacun a un rôle à jouer, alors que les gens ont avant tout besoin que l’on écoute enfin leurs envies. » Les pratiques RH devenues « standardisées » sont aussi critiquées, l’obsession des compétences dans les critères de recrutement renforçant « la négation de l’individu ».

Face à cette quête de sens qui s’accroît, les auteurs invitent « à repenser les modes de vie en entreprise ». Et suggèrent des idées très vastes : slow working jugé « intéressant », intrapreunariat pour ouvrir d’autres horizons aux salariés, management orienté vers le coaching. Ou ouverture des comités de direction aux parties prenantes, avec des PDG non plus seulement évalués en fonction d’objectifs financiers mais sur des critères « éthiques, moraux et humains de la performance », plus proches des salariés. Le livre n’échappe pas à la bien-pensance humaniste qui vire trop à la leçon de morale, invitant les patrons et les DRH « à partir de l’individu pour réenchanter le collectif », à renouer avec « des rituels », avec des projets professionnels qui aient « du sens ». Suffisant pour répondre à cette soif de réaliser sa vie ? Dans tous les cas, les entreprises « vont devoir apprendre à anticiper et à accompagner ces salariés qui veulent s’émanciper », y compris dans le cas de reconversion, affirment-ils. Utopique ou pertinent, à chacun de juger…

Auteur

  • Lydie Colders