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Recrutement : Les noms à consonance maghrébine plus souvent retoqués

L’actualité | publié le : 17.02.2020 | Lys Zohin

Le gouvernement a missionné une équipe de chercheurs universitaires pour tester les politiques d’embauche de 40 entreprises du SBF 120, en fonction du patronyme ou du lieu d’habitation. Il en ressort une présomption de discrimination pour sept d’entre elles, en particulier en ce qui concerne le nom.

C’est, selon les sources officielles, « le plus grand testing jamais réalisé en France sur l’emploi ». Quelque 5 329 tests ont été réalisés, avec l’envoi de 10 349 candidatures fictives, répondant à des offres d’emploi ou sous forme de candidatures spontanées, envoyées aussi bien aux RH qu’à des managers en capacité de recruter. Et le résultat est peu flatteur. Sur l’ensemble des entreprises testées, dont l’une, la plus testée, l’a été 232 fois, et la moins testée, 32 fois, le taux de succès est nettement moindre pour les candidats dont le nom est « à consonance maghrébine »… Est considéré comme un succès le fait qu’un candidat reçoive un e-mail lui indiquant que son CV a retenu l’attention et qu’il sera invité à un entretien, ou que son CV a simplement bien été reçu. Les CV portant un nom « à consonance maghrébine » ont un « succès » de 9,3 %, contre 12,5 % pour les candidats dont le nom est « à consonance européenne ». Autrement dit, un jeune des banlieues a 25 % moins de chances d’avoir un premier retour positif sur son CV qu’un autre. Un écart de taille. En revanche, si le critère est le lieu de résidence, le différentiel entre les candidats dont le nom est « à consonance maghrébine » et ceux dont le nom est « à consonance européenne » est moins marqué.

Mauvaises élèves

Parmi les mauvaises élèves – les sociétés dont les résultats sont tels qu’elles font l’objet d’une « présomption de discrimination » – se trouvent Air France, AccorHotels, Altran, Arkema, Renault, Rexel et Sopra Steria. Avec des nuances.

Les chercheurs chargés de l’étude, Denis Anne, Laetitia Challe, Yannick L’Horty et Pascale Petit, de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, Sylvain Chareyron, de l’université Paris-Est Créteil, et Loïc du Parquet, de l’université du Mans, parviennent à une conclusion de discrimination pour quatre entreprises : Air France, Altran, Arkema et Rexel, et ce, quel que soit l’indicateur de discrimination observé (calculé sur la base des envois ou sur celle des réponses). En revanche, ils ont établi des résultats différents pour trois entreprises, selon la nature des tests. Ainsi, « le groupe AccorHotels apparaît discriminant pour les réponses à des offres, mais pas pour les demandes spontanées », précisent-ils. Pour Sopra Steria, le constat de discrimination est vrai « uniquement si l’on raisonne sur la base de l’ensemble des réponses », écrivent-ils. Enfin, le résultat du groupe Renault « apparaît significatif pour les tests calculés sur l’ensemble des envois lorsqu’on agrège tous les tests, mais il ne l’est pas lorsque l’on observe uniquement les tests sur demandes spontanées ».

Quelles que soient ces caractéristiques, et même si certaines entreprises pointées du doigt s’insurgent en déclarant par exemple que les candidatures spontanées ne sont pas, par définition, au centre de leur processus de recrutement, mené par la DRH, tandis que les postes testés (technicien de maintenance et hôtesse d’accueil) ne sont pas dans leur cœur de cible et qu’elles ont recours à des recruteurs extérieurs pour les pourvoir, les équipes du ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales sont allées à leur rencontre, pour tenter d’élaborer avec elles des solutions au problème de la discrimination.

Faute de plan national, les suggestions partent un peu dans tous les sens… Elles vont de l’incitation à la signature du PAQTE (le Pacte avec les quartiers pour toutes les entreprises), dans lequel les entreprises s’engagent à développer des actions de découverte de l’entreprise et de ses métiers, à du parrainage de jeunes issus des quartiers populaires en passant par la participation à l’initiative emplois francs, cette aide à l’embauche expérimentée par le gouvernement depuis le 1er avril 2018, et généralisée au 1er janvier 2020… Toujours est-il que le gouvernement entend bien poursuivre et lancera une nouvelle vague de testing dans les mois qui viennent, sur 40 autres sociétés du SBF 120.

Quarante entreprises testées

AccorHotels

Aéroports de Paris

Air France

Air Liquide

Airbus

Alstom

Alten

Altran Technologies

Arkema

Atos Intégration

Axa

Biomérieux

BNP Paribas

Bureau Veritas

Capgemini

Carrefour

Casino

Danone

EDF

Elior

Engie

Lagardère

M6 Métropole Télévision

Natixis

Nexity

Orange

PSA

Renault

Rexel

Safran

Saint-Gobain

Sanofi

Schneider Electric

Société générale

Sopra Steria

Ubisoft

Valeo

Veolia

Vinci

Zodiac Aerospace

Auteur

  • Lys Zohin