Le Medef Auvergne-Rhône-Alpes s’aventure pour la première fois dans le mentorat à destination de publics relevant des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou des zones de revitalisation rurales (ZRR). Une mission créée avec la Direccte, principal financeur de ce programme, au budget compris entre 70 000 et 80 000 euros pour un an. « Nous avons voulu élargir le spectre de nos interventions, notamment pour conforter notre vision d’un Medef inclusif. Pour le moment, notre challenge est d’identifier les créateurs d’entreprise dans les QPV et ZRR pour leur apporter notre soutien dans leur démarche. Ils sont parfois éloignés de nos radars et n’ont en général pas les mêmes facilités que d’autres pour créer une entreprise. L’idée est de permettre un accompagnement bienveillant et des échanges constructifs », explique Jean-Luc Raunicher, président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes, structure qui représente 12 Medef territoriaux et 30 branches professionnelles.

PDG de la société de fabrication de mobiliers métalliques Promedif, Jean-Luc Raunicher forme lui-même l’un des cinq binômes constitués jusqu’à présent. De quoi initier la démarche auprès d’autres chefs d’entreprise du réseau. Une fois par mois, il rencontre Marion Picot, qui a monté une auto-entreprise de médiation animale auprès de publics fragiles deux ans plus tôt. Lorsqu’elle vivait dans le quartier des États-Unis, dans le huitième arrondissement lyonnais, cette aide-soignante de formation a intégré « Entrepreneurs dans la ville », un programme qui lui a ouvert les portes de l’EM Lyon et lui a assuré deux ans d’incubation pour développer son projet de ferme thérapeutique. En parallèle, elle a rejoint la mission portée par le Medef. « Créa Duo permet de poser nos projets sur la table. J’avais un milliard d’idées et devoir les transformer en un plan précis permet, en tant que jeune créateur, de poser un cadre. C’est personnellement ce dont j’ai besoin. L’entrepreneuriat est un milieu compliqué. Si on ne le vit pas, tout le monde ne le comprend pas. Cela permet aussi d’avoir un œil expert sur les difficultés que je peux rencontrer en dehors de celles que je vis déjà », témoigne Marion Picot. Entre partage d’expériences et échange de pratiques, les filleuls peuvent bénéficier d’un avis extérieur, de conseils et, parfois, du réseau des patrons déjà installés dans le métier.

Chargée de composer et de suivre les parrainages, Isciane Gaudin-Bertoni propose des profils aux filleuls comme aux parrains avant d’organiser un premier échange « sans langue de bois ». Les duos s’engagent ensuite sur une durée minimale afin qu’une relation de confiance puisse se créer. « Il s’agit de bénévolat des deux côtés, donc sur le principe le partenariat peut durer dix ans, explique-t-elle. La réflexion de Créa Duo se place sur le côté RSE du Medef, avec un engagement supplémentaire. Mais nous ne demandons pas aux parrains et aux marraines d’être expert de l’accompagnement à la création d’entreprise. La vraie plus-value est leur expérience, celle d’avoir créé ou repris une entreprise et de la diriger aujourd’hui. Les duos n’ont pas forcément les mêmes problématiques ou ne sont pas dans le même secteur d’activité, mais ils peuvent relier leur vécu, échanger sur l’anticipation de recrutement, la question du partenariat ou des logiques d’association. »

Un coup de pouce qui engage parrains et marraines à transmettre les valeurs du Medef, qu’ils soient adhérents ou non. Avec, à la clé, l’opportunité pour les Medef territoriaux d’attirer potentiellement de futurs adhérents. « Cela permet effectivement de connaître des créateurs qui n’auraient pas forcément connaissance de ce qu’est le Medef ou n’auraient pas forcément été attirés par ce que faisait ce réseau aujourd’hui », poursuit Isciane Gaudin-Bertoni.

L’objectif de Créa Duo est de former 30 binômes d’ici l’été. « Une réflexion a été menée entre les partenaires autour du nombre de duos, afin d’avoir une communauté qui peut interagir tout en permettant de garder un suivi qualitatif », ajoute la chargée de mission. Pour l’heure, Créa Duo est lancé dans les départements du Rhône et de l’Ain et pourrait se développer plus largement dans la région.