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États-Unis : Les bébés au bureau, une pratique qui se répand

Sur le terrain | publié le : 10.02.2020 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Les bébés au bureau, une pratique qui se répand

Crédit photo Caroline Crosdale

De nombreuses entreprises américaines acceptent la présence des nourrissons au bureau. Cette politique se révèle être un solide outil de recrutement et de rétention des jeunes parents.

Joseph, quatre mois, est le plus jeune « stagiaire » du service des ressources humaines de Good Luck Group (GL Group), un distributeur de livres de poche et d’ouvrages scolaires, installé à Saint-Louis, dans le Missouri. Sa mère profite du programme maison qui, depuis plus de 25 ans, permet aux 190 salariés de cette entreprise de venir avec leur enfant au bureau. Sandy Jaffe, le fondateur de GL Group, était réticent au début. Quand une femme enceinte lui a demandé s’il serait possible de poursuivre son travail avec un couffin à ses pieds, Sandy Jaffe a refusé. « Je suis de la vieille école, a-t-il expliqué. Je n’en voulais pas. » Mais le dirigeant en a parlé avec ses cadres et a dit banco. Les bébés avaient gagné leur droit d’entrée chez GL Group. Et plus d’une vingtaine d’enfants se sont déjà succédé.

Au fil du temps, les règles du jeu ont été clarifiées. Lauren Wehner, spécialiste du recrutement pour le groupe, explique que « le programme est ouvert aux salariés à plein temps, hommes ou femmes, présents depuis au moins six mois dans l’entreprise ». Les nourrissons sont admis au bureau à partir de six semaines et jusqu’à six mois. Au-delà, la présence d’un enfant qui rampe dans les bureaux est trop dangereuse et la direction du groupe craint pour sa sécurité. GL Group propose alors une participation de 100 dollars par semaine aux parents pour placer leur progéniture en crèche. Quand Joseph quittera GL Group dans deux mois, un autre bébé devrait lui succéder.

Aux États-Unis, où aucune loi fédérale n’impose de longs congés payés pour les nouveaux parents, cet arrangement avec l’entreprise apporte « nombre d’avantages » à tous les intéressés, assure Lauren Wehner. « Les mères construisent un lien solide avec le nouveau-né », ajoute-t-elle. Et le moral de leurs collègues grimpe d’un cran, car ils adorent avoir un enfant auprès d’eux. Il y a toujours des volontaires pour prendre soin de lui, lorsque la mère est occupée ailleurs. Et les désagréments dus aux pleurs et autres mouvements d’humeur sont limités. GL Group a aménagé une « pièce tranquille », avec des canapés et des jouets, où l’on peut tout à la fois consoler le bébé, changer ses couches et le nourrir.

L’institut Parenting in the Workplace (Être parents au travail), basé à Salt Lake City, pointe les nombreux avantages liés à la présence de l’enfant. Pour l’entreprise, c’est un outil de recrutement et de rétention des jeunes salariés. Ceux-ci sont reconnaissants de pouvoir garder leur bébé près d’eux. Certes, quand ils le nourrissent, ils ne peuvent pas travailler et la productivité s’en ressent. Mais les parents se rattrapent plus tard… Ils gagnent en efficacité et la collaboration avec leurs collègues s’enrichit.

Le concept des bébés au travail est si efficace qu’il a essaimé un peu partout aux États-Unis. Ainsi, selon Parenting in the Workplace, plus de 200 entreprises ou organisations comme la National Association of Insurance Commissioners, Girl Scouts of Greater Iowa ou la Caisse d’épargne de Sacramento, pour ne citer que quelques exemples, l’ont adopté outre-Atlantique. Plusieurs États ont eux-mêmes recours à cette formule pour leurs fonctionnaires, surtout quand il n’existe pas de loi sur les congés payés des nouveaux parents.

Un outil concurrentiel

Chris Sununu, le gouverneur républicain du New Hampshire, a signé récemment un décret autorisant les bébés sur le lieu de travail. C’est, à ses yeux, un bon moyen « pour que les entreprises ou autres organisations restent compétitives » dans un contexte économique en plein boom comme c’est le cas actuellement aux États-Unis. Le gouverneur espère ainsi attirer dans son État de jeunes familles, sur fond de main-d’œuvre vieillissante.

Un dernier conseil de l’institut Parenting in the Workplace ? Écrire noir sur blanc ce qui est ou n’est pas autorisé. Par exemple : combien de temps un bébé pleure-t-il avant que le parent n’évacue la cause ? Réponse : pas plus de cinq minutes. Mieux vaut aussi désigner à l’avance quelques collègues, capables de prendre la relève, si le besoin s’en fait sentir. Enfin, le bébé malade est interdit de bureau. Et le changement de couches se fait dans les toilettes, pas en salle de réunion…

Auteur

  • Caroline Crosdale