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Insertion : « L’idée est de faire des systèmes adaptés et sécurisants »

Le point sur | publié le : 10.02.2020 | A. P.

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Insertion : « L’idée est de faire des systèmes adaptés et sécurisants »

Crédit photo A. P.

Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS est l’auteur du rapport* sur l’inclusion par l’emploi, la formation et l’accompagnement, remis à la ministre du Travail, le 16 janvier 2018. Le dispositif des PEC s’inspire des recommandations de ses travaux.

Quel bilan tirez-vous de la mise en place des PEC ?

Il n’y a pas de mystère. Ce qui fonctionne c’est le triptyque emploi, accompagnement social et formation. C’est cela qui permet une insertion durable. Autrefois, les contrats aidés étaient utilisés abondamment par les associations et les petites communes qui ne pouvaient pas embaucher de salariés. Certes, cela faisait baisser les chiffres du chômage, mais les personnes à la sortie de leur contrat se retrouvaient de nouveau sans emploi. Avec les parcours emploi compétences (PEC), nous avons pris le risque de diminuer le nombre de contrats disponibles par rapport aux contrats aidés qui étaient plus nombreux, mais pour de bonnes raisons. D’une part, nous avons estimé que la situation économique qui était meilleure le permettait et d’autre part, l’objectif est de cibler ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire les personnes les plus éloignées de l’emploi. Nous avons aussi mis les moyens de la formation et de l’accompagnement social, ce qui n’était pas le cas avec les contrats aidés. Nous avons enfin limité les PEC au secteur non marchand, car il ne fallait pas qu’ils deviennent un effet d’aubaine pour les entreprises, c’est-à-dire que des candidats soient embauchés en PEC à la place de contrats en CDD ou CDI.

Est-ce que les employeurs remplissent leurs obligations avec ce dispositif ?

Il faut rappeler que les employeurs qui s’engagent à recruter un PEC sont contrôlés. D’une part, Pôle emploi vérifie en amont que le candidat a réellement un projet personnalisé et il s’assure qu’il est bien mis en œuvre pendant le déroulé de son contrat. Il pourrait même décider de l’interrompre si l’employeur ne jouait pas le jeu. Désormais, quelques mois avant la fin du contrat a lieu un entretien tripartite salarié-employeur-prescripteur pour anticiper la sortie. Il y a donc là un vrai rôle du service public qui n’existait pas par le passé. Avec la nouvelle formule des PEC, les employeurs ont aussi l’obligation de former leurs salariés, et pour que cela soit plus facile pour eux, ils ont maintenant accès aux formations de Pôle emploi. En fonction du profil du PEC embauché, c’est donc assez simple pour eux de prévoir et d’anticiper les formations dont auront besoin leurs employés. Certains employeurs peuvent aussi se tourner vers une société spécialisée dans l’accompagnement des salariés en VAE si besoin. Un salarié en PEC peut en effet dans le même temps obtenir un diplôme en VAE à la fin de son contrat. Enfin pour les aider dans le volet accompagnement social, Pôle emploi est là aussi, mais les employeurs peuvent également se faire aider par une structure spécialisée. Et même si aujourd’hui, la prise en charge de l’État est moins importante pour les PEC, on peut se dire que les entreprises qui vont en embaucher miseront vraiment sur ces salariés. Autant dire que cela représente un engagement et qu’ils n’ont aucun intérêt à ne pas remplir leurs obligations.

Que pourrait-on encore améliorer ?

Il y a environ 100 000 PEC en cours aujourd’hui et, pour 2020, les mêmes chiffres sont annoncés. Certains diront que ce n’est pas assez, mais c’est important de trouver un rythme avant de procéder à d’éventuelles modifications. En réalité, il faudra évaluer chaque année la pertinence des PEC pour voir si l’on a besoin d’en proposer davantage. Il va falloir bien sûr analyser les chiffres d’insertion à la sortie des parcours emploi compétences quand ils seront disponibles. Mais pour avoir une vraie vision globale du retour à l’emploi, il sera nécessaire de mettre en perspective tous les dispositifs existants, c’est-à-dire les PEC, mais également ceux des chantiers d’insertion, dont le nombre a doublé, ainsi que des plans d’investissement dans les compétences (PIC) qui ont vu leur nombre augmenter. L’idée est que tous ces systèmes coexistent et ne soient pas en concurrence. Quelqu’un qui ne trouverait pas de travail en PEC devra peut-être s’orienter vers un autre contrat qui conviendrait mieux. Aujourd’hui d’ailleurs, l’enveloppe budgétaire non utilisée dans le cadre des PEC est gérée au niveau régional par le préfet. Il peut alors utiliser ce « fonds d’inclusion dans l’emploi » pour mobiliser les aides à l’accès ou au retour à l’emploi en fonction des réalités du terrain et privilégier tel ou tel dispositif. En résumé, quand nous aurons fait le bilan de tous ces outils, il ne faudra pas hésiter à faire les ajustements nécessaires, voire inventer autre chose si cela ne convient pas. L’idée est simplement de faire des systèmes adaptés et sécurisants pour ceux qui y rentrent afin de pouvoir regarder l’avenir plus sereinement !

* Avec le concours de Jean-Baptiste Barfety, inspecteur des affaires sociales.

Auteur

  • A. P.