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Alternance : Le nouveau décollage de l’apprentissage

L’actualité | publié le : 10.02.2020 | Benjamin d’Alguerre

L’apprentissage a connu une forte progression de 16 % en 2019 pour atteindre le record de 485 800 apprentis. De bons chiffres qui donnent prétexte à une nouvelle passe d’armes dans le conflit opposant le ministère du Travail et les régions…

C’est une remontada fulgurante ! En 2019, l’apprentissage a connu une progression à deux chiffres (+ 16 %) avec 50 700 jeunes supplémentaires engagés dans un tel cursus de formation, selon les chiffres publiés le 4 février par le ministère du Travail. Au total, on comptait au 31 décembre 2019, 485 800 apprentis en France, contre 437 000 l’année précédente. « C’est une croissance jamais vue dans le pays », s’est félicitée Muriel Pénicaud. Et peut-être un nouveau départ pour ce dispositif de formation qui après des années de marasme et de baisse constante des effectifs entre 2004 et 2015 avait connu un regain continu à compter de 2016 (+ 7 000 apprentis en 2016 et 2017, + 17 000 en 2018).

Progression générale

Si cette remontée de l’apprentissage demeure portée par le développement de l’alternance dans l’enseignement supérieur (+ 30 % selon l’entourage de la ministre du Travail), la nouveauté vient d’un nouveau départ dans le secondaire. Ils étaient ainsi 203 000 (+ 8 %) à s’être inscrits en bac pro ou en CAP par ce biais. Une première après six années de chiffres dans le rouge. Mieux : en fin de 3e, 710 000 jeunes avaient émis le souhait, sur Affelnet, d’être orienté vers une section d’apprentissage l’année suivante. Soit une évolution de 40 % en deux ans. Côté sectoriel, le BTP (+ 13 %) et l’industrie (+ 11 %) restent de forts consommateurs d’apprentis, mais ce mode d’enseignement se développe aussi dans d’autres secteurs où il était plus rarement choisi (ou proposé) : le sport, le médico-social ou les services par exemple.

En faisant sauter le verrou de l’autorisation administrative nécessaire pour l’ouverture de sections d’apprentissage ou d’établissements de formation, la loi « Avenir professionnel » a également permis une augmentation sensible du nombre de CFA qui de 965 avant la réforme sont passés à 1 200 aujourd’hui. Selon l’entourage de la ministre, 30 % sont des CFA d’entreprises, 10 % des établissements créés par des conglomérats de PME/ETI et le reste d’organismes de formation ayant changé de statut. Les collectivités territoriales, en revanche, ne se sont pas encore engagées dans cette voie, assure un conseiller du cabinet.

Les Opco au rendez-vous

Les réseaux traditionnels de formation d’apprentis ont bénéficié de cette croissance : les Maisons familiales et rurales ont connu une hausse de 15 % de leurs effectifs et les Compagnons du Devoir de 37,4 % ! « C’est une chance que nous ayons eu cette réforme qui met en valeur notre savoir-faire et nos métiers », explique leur secrétaire général, Jean-Claude Bellanger. L’application du coût au contrat à compter du 1er septembre 2019 plutôt que du 1er janvier 2020 a également constitué une aubaine pour le réseau compagnonnique ainsi que pour tous les CFA de l’artisanat puisqu’il a permis d’éviter « l’année blanche » redoutée en 2019-2020. Dans la foulée, le décret permettant exceptionnellement aux Opco d’emprunter auprès d’un pool bancaire pour assurer toutes les prises en charges financières des contrats à compter de septembre, a empêché les trous de trésorerie de ces derniers. « Les Opco ont réglé comme convenu 50 % des sommes au 31 janvier 2020 et nous ont assuré d’être au rendez-vous pour les prochains versements en mars et juin », indique Jean-Claude Bellanger.Cette progression de l’apprentissage se constate dans toutes les régions et départements avec des pointes à + 40 % d’apprentis dans l’Aude et l’Eure-et-Loire et de + 27,3 % en Corse.

Passe d’armes avec les régions

La publication des chiffres aura d’ailleurs été le prétexte à une nouvelle passe d’armes entre régions et État puisque dans une tribune publiée par Le Figaro la veille, 12 présidents de conseils régionaux accusaient Muriel Pénicaud de s’approprier les résultats de leurs efforts et notamment de leurs 9 milliards d’investissements de ces dernières années dans le développement de l’apprentissage. Côté ministère, on pointe du doigt les 8 % de baisse globale des dépenses régionales dans les CFA constatées en 2019, mais on se refuse à commenter plus en avant. Ambiance…

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre