La cause des surdoués (ou des « zèbres ») dans le monde du travail est un sujet en vogue dans la littérature managériale. Dans le troisième opus du genre depuis cet automne, William Réjault témoigne de son parcours de « zèbre », fait de multiples reconversions. Un guide à l’attention de ses semblables, qui permet de mieux comprendre ces personnalités hors-norme.
C’est l’histoire d’un homme qui a longtemps refoulé « sa zébritude », découverte au hasard d’un test de QI à 42 ans. Et qui s’est beaucoup dispersé : dans son livre, William Réjault relate une vie professionnelle sidérante : infirmier pendant treize ans, blogueur, écrivain, chroniqueur, chargé des réseaux sociaux chez Canal Plus, puis chez Danone. Et aujourd’hui, consultant en communication numérique, mais aussi… thérapeute de couples ! Et tout cela sans la moindre appréhension : « Ma soif d’apprendre est insatiable », explique-t-il dans son livre. Avec une franchise émouvante, ce « zèbre » aborde sans fard sa vie professionnelle et privée : son tempérament « hypersensible », ses idées brillantes qu’il oublie de valider auprès de sa hiérarchie (« une erreur » qui lui jouera des tours), ses intuitions qu’il « peine à démontrer ». De ses expériences, l’auteur tente de tirer des leçons, comme « expliquer ses idées avec plus de pédagogie » auprès de sa hiérarchie, « fédérer doucement ses collègues » pour faire remonter des dysfonctionnements… Des conseils destinés à d’autres salariés « zèbres ».
Si ce témoignage n’a rien de généralisable, il permet tout de même aux RH de mieux cerner ces personnalités intellectuellement vives, à fleur de peau mais réputées difficiles à gérer (l’auteur, visiblement très sociable, ne le nie pas, expliquant « qu’une critique » mal formulée peut le rendre malade). Au fil « de ses enseignements », quelques indices émergent pour mieux intégrer ces salariés rares et atypiques : capable de « partir ventre à terre dans des projets complexes », William Réjault dit avoir compris son besoin « d’un cadre », parfois « de lunettes progressives » pour lui rappeler ses objectifs. Et qu’un coaching prescrit par un employeur lui a permis « de trouver sa voie », et « d’élaborer des stratégies » pour expliquer ses intuitions. Les multiples reconversions de l’auteur laissent songeur sur les capacités à fidéliser de tels salariés à long terme. Mais son récit sincère, assorti en conclusion d’une typologie des personnalités « zèbres », donne un bon aperçu des talents créatifs qu’ils peuvent offrir aux entreprises. À condition de ne pas « périr d’ennui »…