Quatre entreprises allemandes s’associent pour développer un cursus d’apprentissage en France afin de pallier leurs difficultés de recrutement. Une première promotion de 20 alternants est programmée pour 2020.
Des contrats d’alternance sur les deux rives du Rhin. C’est que propose la convention de coopération pour le développement de l’apprentissage signée le 22 janvier dernier par quatre grands groupes allemands des secteurs chimie-santé et la chambre de commerce et d’industrie franco-allemande. Ces quatre entreprises – Bayer France, BASF France, Boehringer Ingelheim France et Merck France, toutes implantées dans la région lyonnaise sont parties du même constat : leur difficulté à renouveler leurs effectifs et à attirer des jeunes. Pas facile, car, selon un sondage réalisé par la chambre de commerce et d’industrie franco-allemande auprès des entreprises allemandes implantées en France, 50 % peinent à recruter dans les domaines techniques et près de 60 % d’entre elles ont du mal à trouver de jeunes alternants. La faute à une mauvaise image de l’industrie, selon Erick Lelouche, président de Boehringer Ingelheim France : « Dans l’esprit de nombreux jeunes, industrie rime avec travaux pénibles et mal payés », confie-t-il, même s’il admet que, depuis quelques années, les nombreuses campagnes menées par le secteur pour promouvoir ses métiers changent un peu la donne. La preuve : interrogés l’an passé sur leur avenir, 52 % des lycéens se disaient prêts à choisir l’industrie, contre 42 % dix ans auparavant. Sans compter la récente embellie de l’apprentissage avec + 8 % de jeunes – et moins jeunes – engagés dans cette voie lors de la dernière rentrée.
L’occasion, pour ces quatre entreprises à la recherche de compétences de se lancer dans la conception d’un BTS Maintenance et production qui sera doublé par un certificat professionnel délivré par la chambre de commerce et d’industrie franco-allemande permettant au diplôme d’avoir valeur des deux côtés du Rhin. « Il s’agira d’un diplôme particulier. Certes, des BTS de maintenance et de production existent déjà, mais celui-ci disposera d’un module supplémentaire consacré au digital, d’un autre dédié à l’anglais renforcé et l’enseignement comprendra quelques cours d’allemand », explique Margarete Riegler-Poyet, de la chambre de commerce. Utile pour les futurs alternants puisque sur leurs deux ans de cursus dans les quatre groupes, il est prévu qu’au moins un mois se déroule au sein des maisons mères, en Allemagne. « Cela donnera plus de valeur ajoutée au diplôme », précise Nicole Daval, responsable du pôle recrutement chez Boehringer Ingelheim.
Les cursus ont été conçus en partenariat avec deux CFA de la région lyonnaise : celui de l’Institut des ressources industrielles (Iri) et l’Institut des métiers et des techniques (IMT) de Grenoble. Pour l’heure, si l’idée d’une création de CFA d’entreprise a frôlé l’esprit des quatre sociétés à l’origine du projet, elle n’a pas été adoptée. « Enseigner n’est pas notre métier », souligne Erick Lelouche. Ce nouveau programme de formation, qui pourra aussi être accessible par le biais du contrat de professionnalisation, sera inscrit sur Parcoursup d’ici septembre prochain, date du début du cursus. Sa première promotion comprendra vingt candidats.