Dans les informations internes que les collaborateurs de Mazars reçoivent régulièrement, il arrive qu’il y ait la photo d’un porc, dans la cour d’une maison, au Vietnam. Explication ? Le groupe international d’audit et de conseil épaule, par le biais de l’action de ses collaborateurs, une association humanitaire, Enfance Partenariat Vietnam, qui vise à améliorer les conditions de vie des enfants dans ce pays. Et cela passe, par exemple, par l’installation de turbines pour générer de l’électricité et leur permettre de faire leurs devoirs le soir, ou par un programme de formation à l’élevage d’animaux domestiques, en particulier des porcs, en partenariat avec l’École nationale vétérinaire d’Alfort, pour assurer nourriture et revenus aux familles. « Enfance Partenariat Vietnam nous a été suggérée par une collaboratrice », indique Sophie Lilas, la directrice du personnel de Mazars. Elle fait partie, avec Handi’chiens (qui éduque et remet gratuitement des chiens d’assistance à des enfants et adultes en situation de fragilité) et 1001fontaines, une ONG centrée sur l’accès à l’eau potable dans des pays comme le Cambodge et Madagascar, des trois associations sélectionnées par les collaborateurs pour bénéficier de leur générosité.

De fait, depuis 2014, Mazars a adopté le dispositif lancé en 2011 par l’entreprise solidaire MicroDon, permettant aux collaborateurs de pratiquer l’arrondi sur salaire. « Dans le cadre d’une réflexion sur la façon d’incarner la RSE chez les collaborateurs, nous avons pensé que l’arrondi sur salaire – un don financier – compléterait de façon pertinente les autres dispositifs, don de temps, avec le congé solidaire, et don de compétences avec le mécénat de compétences. D’autant que MicroDon, qui nous avait démarchés, avait une proposition séduisante et qui faisait sens », explique Sophie Lilas. La DRH a donc communiqué auprès des collaborateurs, en leur demandant d’abord de proposer, puis de sélectionner des associations dont la mission serait en ligne avec leurs aspirations.

Au total, sept associations ont été mises en avant, et deux ont été finalement choisies dans un premier temps. « Cette première communication a créé une attente, se souvient la directrice du personnel. Après, les collaborateurs nous demandaient quand l’arrondi sur salaire allait se mettre en place ! » Elle considère que le taux d’adoption, de 26 % aujourd’hui, est relativement satisfaisant. Il a évolué du fait d’un changement, en 2016, de l’éventail des associations bénéficiaires, élargi à trois au lieu de deux, forçant, pour des raisons juridiques, les collaborateurs à se réinscrire sur la plateforme, ce qui en a rebuté certains. De même, lorsque le dispositif a été déployé en région, il n’a pas eu, « faute sans doute d’un accès aussi grand aux décisions et à la communication du siège que les collaborateurs parisiens », autant de succès qu’à Paris, précise la DRH.

Qu’à cela ne tienne, l’initiative bénéficie d’ambassadeurs sur le terrain, qui sensibilisent les autres collaborateurs à la pratique. À l’instar de l’un d’entre eux, dont l’enfant avait fait un stage de troisième au sein de l’entreprise et qui avait attiré l’attention paternelle sur l’opération… Aujourd’hui, Mazars tente même de prolonger les liens noués grâce à l’arrondi sur salaire avec les associations bénéficiaires. Ainsi, pointe Sophie Lilas, « nous avons inscrit Enfance Partenariat Vietnam dans notre écosystème pour permettre à l’association de bénéficier de stagiaires en mécénat de compétences avec l’aide de notre partenaire, Vendredi. Et nous réfléchissons désormais à impliquer, en plus des stagiaires, des collaborateurs de l’entreprise ».

Si l’arrondi sur salaire a forcément eu un impact sur les bénéficiaires des associations incluses dans le programme, plus de cinq ans après le lancement de l’opération, en a-t-il eu un sur les collaborateurs ? « Il est difficile de détourer l’impact de l’arrondi sur salaire du reste de la RSE », avoue Sophie Lilas. La commission RSE du cabinet, composée de collaborateurs déjà acquis à la cause, l’a en tout cas plébiscité. « Notre offre permet à chaque collaborateur, en fonction de son profil et de ses attentes, de se positionner comme il l’entend en matière de RSE, en donnant son temps, ses compétences ou de l’argent », poursuit-elle. Et les informations régulières fournies sur la vie des associations bénéficiaires permettent d’entretenir la flamme.