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Sur le terrain

Recrutement : La DGSI joue la transparence

Sur le terrain | publié le : 27.01.2020 | Valérie Auribault

Sécurité nationale oblige, la Direction générale de la sécurité intérieure a longtemps préconisé l’opacité, en particulier pour le recrutement. Des pratiques révolues. Place aux nouvelles méthodes pour accueillir de nouveaux profils.

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) recrute et, pour se faire, ouvre toutes grandes ses portes. Une première pour une institution qui possède la culture du secret. Depuis 2014, la DGSI, seule direction compétente en matière de contre-espionnage, a intensifié ses recrutements. De 3 200 personnels à l’époque, elle compte près de 4 500 agents aujourd’hui. L’année 2015, marquée par les attentats parisiens, a vu les candidatures spontanées affluer. « Beaucoup de personnes cherchent un sens à leur travail. Or, le sens est particulièrement présent au sein de nos missions. Ceux qui ont postulé cette année-là avaient à cœur de protéger la France et les Français », explique Nicolas B., sous-directeur des ressources humaines. Beaucoup de candidats sont issus du ministère de l’Intérieur. « Nous sommes une direction de police. Les policiers sont donc notre premier vivier de postulants parce qu’ils possèdent déjà le profil, la formation et la culture de police judiciaire dont nous avons besoin », poursuit Nicolas B.. S’ajoutent à ces candidatures internes, des contractuels en CDD amenés à être pérennisés. « Il est évident que nous souhaitons conserver nos effectifs car l’expérience forgée au fil des ans dans nos services est précieuse », souligne-t-il.

Évolution culturelle

Mais aujourd’hui, la DGSI élargit son champ d’action en matière de recrutement et agit en toute transparence pour être visible du plus grand nombre. Une « évolution culturelle très forte » pour recruter en son nom et non plus sous le titre du ministère de l’Intérieur. En septembre 2019, un compte LinkedIn était créé. En l’espace de quatre mois, 15 000 abonnés et plus de 5 000 candidatures. Le site internet de l’institution a été modernisé avec, à l’appui, une vidéo de présentation de ses missions et une adresse e-mail dédiée (recrutement-dgsi@interieur.gouv.fr). « Nous passons de l’ombre à la lumière car nous nous sommes rendu compte que l’hyper-confidentialité était contre-productive même si notre système de recrutement vise à protéger notre institution », souligne le responsable RH. Une transparence qui n’empêchera pas les tests, entretiens et autres enquêtes de sécurité puisque tout employé est habilité secret-défense. Après un premier contact, le postulant devra attendre entre 6 et 10 mois avant d’être embauché.

La DGSI s’est aussi ouverte au job dating grâce à Pôle emploi afin de recruter des agents administratifs. En 2020, un partenariat similaire auprès de l’Apec devrait être impulsé. Début février, l’institution devrait se rapprocher des universités et des grandes écoles. Le but étant de constituer des filières de formation spécifiques pouvant répondre aux besoins des services. Avec, à la clé, des stages pour les jeunes diplômés. « C’est du gagnant-gagnant, souligne Nicolas B.. Nous aurions un personnel formé à nos métiers et exigences. Les universités, elles, auraient un taux d’insertion optimum de ses étudiants. Cette ouverture vers l’extérieur nous permet d’embaucher des profils différents et de pouvoir choisir parmi les meilleurs », confie le responsable RH.

De nouveaux métiers

Face à l’évolution de la société et des menaces – terrorisme, protection des intérêts économiques de la France, cybersécurité… –, tous les métiers et profils sont recherchés, du technicien à l’ingénieur. « Nous recherchons aussi des analystes capables d’exploiter des renseignements et de les interpréter. » Des diplômés de niveau bac + 3 à bac + 5 en géopolitique, sciences sociales, géographie, juridique, informatique… sont particulièrement ciblés. Pour faire face à la montée des cyberattaques et à l’utilisation par le personnel d’outils de plus en plus complexes, les développeurs, architectes systèmes et réseaux demeurent désormais indispensables. Pour la première fois, la DGSI participera fin janvier au Forum international de la cybersécurité à Lille. Ceci afin d’illustrer et d’expliquer l’étendue des métiers technologiques présents au sein de l’institution.

Enfin, les traducteurs. « Afin de détecter les menaces, nous devons les comprendre. Toutes les langues doivent être représentées dans nos services », insiste le recruteur. Niveau B2 voire C1 exigé. La DGSI recherche aussi des profils plus traditionnels comme des gestionnaires RH et manutentionnaires, qui devront malgré tout observer un respect total de confidentialité. « Peu importe l’emploi visé, les candidats qui nous rejoignent ont vocation à travailler pour une même mission ; la défense des intérêts de nos concitoyens. Ils doivent être bien dans leur peau et dans leur tête et être à l’aise avec le fait qu’ils ne pourront pas évoquer leur travail avec l’extérieur », conclut Nicolas B.. Jusqu’en 2024, près de 2 000 agents seront recrutés, à raison de 400 à 600 par an, dont 1 200 pour des créations de postes.

Auteur

  • Valérie Auribault