logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les clés

Regards sur les transformations du travail

Les clés | À lire | publié le : 27.01.2020 | Lydie Colders

Image

Regards sur les transformations du travail

Crédit photo Lydie Colders

Coordonné par le sociologue François Dubet, ce livre de chercheurs interroge plusieurs pans des « mutations » du travail, des effets des technologies à l’évolution du management. Un regard intéressant sur l’intelligence artificielle (IA) ou sur l’entreprise libérée, au travers d’enquêtes de terrain donnant la parole aux salariés.

« Aujourd’hui plus qu’hier, le travail est transformé par les technologies qui bouleversent les métiers, les manières de faire et les vieilles organisations du travail », note François Dubet, en préambule de ce livre de recherches. Digitalisation, travail en réseau, industrialisation des services, néomanagement… Ces changements riment-ils avec dégradation des conditions de travail ? Comment les salariés les vivent-ils ? Au travers d’une douzaine d’enquêtes de sociologues menées en entreprise, ce livre interroge leur perception de l’organisation du travail à l’heure du big data, du lean management ou de l’entreprise libérée.

L’IA divise

À lire en particulier, une magnifique étude du sociologue Yann Ferguson sur la stratégie RH d’un grand groupe industriel qui développe l’assistance virtuelle à plusieurs niveaux : service juridique ou clients, gestion des plannings ou même « chabot » pour répondre aux questions de mobilité « simples » des salariés. L’auteur y montre des opinions divisées, entre les cadres qui voient dans l’IA « un gain de temps en cas de beaucoup de données » et ceux critiques « sur le risque de déshumanisation » et la perte d’échanges entre collègues. « De nombreux employés défendent l’intérêt des tâches routinières qui permettent de souffler », voire d’apprendre pour les nouvelles recrues. « D’autres craignent une surcharge cognitive », note le chercheur. Qui ajoute que, dans ce groupe, « l’IA ne supprime pas d’emplois, mais aurait supprimé trois postes chez des prestataires, dans les relations avec les sous-traitants », ajoute-t-il. De quoi méditer…

Le livre est plus bancal sur l’évolution du management, pointant les risques de surcharge et de stress liés au lean management (cas de deux entreprises utilisant le management visuel). À noter tout de même une enquête très intéressante du sociologue David Mélo sur le management « libéré », menée dans une société d’informatique et dans un entrepôt logistique.

Ambiguïtés du management libéré

Dans ce dernier, les magasiniers volontaires héritent de missions variées, de la gestion des recrutements au planning ou à l’insertion. Mais, là aussi, l’auteur dresse un avis mitigé, entre un élargissement des tâches motivant pour certains employés, d’autres déplorant à l’inverse des salaires « qui ne suivent pas leurs responsabilités ». Si ces travailleurs « endossent les catégories de pensées managériales », le chercheur interroge donc le manque de reconnaissance des salariés de l’entreprise libérée, où le pouvoir ne se partage pas. Un éclairage nuancé, très instructif.

Auteur

  • Lydie Colders