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Formation : l’inspection du travail mise sur l’approche par compétences

L’actualité | publié le : 27.01.2020 | Benjamin d’Alguerre

À la suite à un rapport explosif de la Cour des comptes de 2019, l’Intefp est amenée à retravailler en profondeur son offre de formation d’ici à 2021.

C’est à un grand chantier de rénovation de la formation dispensée au sein de l’Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (Intefp) qu’a appelé Muriel Pénicaud le 10 janvier dernier. Dans une lettre adressée à Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, qui faisait suite à un rapport d’octobre 2019 pointant du doigt le mauvais fonctionnement de l’Institut (absence de tutelle stable, dépenses injustifiées, absence de stratégie de développement économique, etc.), la ministre du Travail annonçait son intention de mettre en place « une nouvelle maquette de la formation » au sein de cet établissement chargé, depuis 2006, de former les personnels de toute l’administration du travail, mais plus particulièrement de l’inspection du travail. Selon les desiderata du ministère, cette nouvelle maquette doit entrer en vigueur en 2021 et concerner autant les stagiaires en formation initiale que continue.

« L’objectif de la réforme demandée est d’améliorer le dispositif de formation des inspecteurs et élèves inspecteurs à la fois pour mettre leurs compétences en adéquation avec les transformations de leurs missions et de leurs métiers, mais aussi de renforcer l’attractivité de ces corps qui peinent aujourd’hui à recruter », indique Hervé Lanouzière, le nouveau directeur de l’Institut, entré en fonction en octobre 2019. Des transformations, le corps des inspecteurs du travail n’en a pas manqué, ayant dû digérer coup sur coup la réforme de l’inspection du travail de 2013, la fusion des régions de 2015 et les ordonnances Macron de 2017. Autant de raisons qui incitent les ingénieurs pédagogiques de l’Afpa, chargés d’aider l’Intefp, à accomplir la mutation de son offre de formation, à privilégier une stratégie apprenante désormais basée sur « l’approche par compétences » plutôt que sur le « tout juridique » d’autrefois.

Mise en situation professionnelle

« Nous avons l’intention de privilégier l’entrée dans le métier par la mise en situation professionnelle et le cas pratique ». Une solution, selon lui, qui permettrait à la fois de rénover l’approche du métier, mais aussi de créer de nouvelles vocations, notamment pour les anciens syndicalistes et responsables patronaux tentés par une seconde carrière. L’occasion aussi de permettre aux inspecteurs de mieux se positionner dans les entreprises, à la fois comme interlocuteurs des salariés, mais aussi des employeurs de contribuer à y développer un dialogue social qualitatif comme le prévoient les ordonnances Travail.

Formation à distance… et conséquences

Mais le changement pédagogique en chantier imposera aussi des modifications de moyens. La formation présentielle, jusqu’alors privilégiée, devrait s’ouvrir à d’autres types d’enseignements à distance. Un moyen, aussi de régler le problème notifié par la Cour des comptes de surutilisation du principal site de l’Intefp, situé à Marcy-l’Étoile en région lyonnaise, par rapport aux six autres établissements de l’Institut (Lille, Nantes, Nancy, Montpellier, Paris et Bordeaux). En procédant à la fermeture de certains centres ? L’Intefp y réfléchit, mais la base risque de s’y montrer hostile : « Soit on supprime les antennes locales, soit on ferme le site de Marcy pour redistribuer les formations ailleurs. Mais qu’adviendra-t-il des agents qui y travaillent à plein temps ? », s’interroge Julien Boeldieu, secrétaire général de la CGT Travail-Emploi. Même exigé par la Cour des comptes pour rééquilibrer le budget, le chantier ne s’annonce pas de tout repos.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre