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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 20.01.2020 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Sommes-nous plus sévères avec les femmes ou les hommes ?

One compte plus le nombre d’études

qui nous montrent comme notre jugement est influencé positivement ou négativement par le sexe de nos interlocuteurs suivant le sujet et le contexte. Une femme aura tendance à être jugée plus douce, ce qui sera perçu comme positif dans le cadre de certains métiers (ceux en contact avec des enfants ou des personnes âgées, par exemple), mais perçu comme négatif dans d’autres. Un homme, quant à lui, aura tendance à être jugé plus ambitieux, ce qui sera à nouveau perçu positivement ou négativement suivant la situation.

Sommes-nous plus sévères avec les femmes ou avec les hommes ?

À qui pardonnons-nous plus facilement ? Voici quelques-unes des questions qui animent Nicole Montgomery et Amanda Cowen, toutes deux chercheuses à l’université de Virginie aux États-Unis. Elles viennent de publier les résultats de trois expériences qu’elles ont menées pour y voir plus clair dans ce domaine.

En l’occurrence, il s’agissait de voir comment les participants réagiraient à des erreurs commises par des entreprises dirigées par des femmes ou des hommes. Les participants devaient lire un article relatant le cas d’une entreprise automobile qui avait vendu des voitures présentant un défaut. Pour certains participants, l’article indiquait que l’entreprise en question était au courant du défaut de fabrication ; il s’agissait donc d’une faute éthique. Pour d’autres participants, l’article indiquait que l’entreprise n’était pas consciente du défaut de fabrication ; il s’agissait donc d’une faute de compétence. De même, certains participants recevaient un texte indiquant que le PDG était une femme, d’autres qu’il était un homme.

Qu’ont observé nos deux chercheuses ?

Que les participants semblent plus facilement pardonner des fautes de compétence aux femmes qu’aux hommes, mais plus facilement des fautes éthiques aux hommes qu’aux femmes(1).

En effet, quand la faute était éthique, les participants étaient plus sévères et se disaient moins prêts à acheter une voiture de cette marque si une femme était à sa tête. En revanche, quand la faute tenait à de l’incompétence, les participants étaient plus prêts à acheter une voiture de cette marque si elle était dirigée par une femme que par un homme.

Ce qui est encore plus intéressant, c’est l’expérience qui suit. Cette fois-ci, on indiquait aux participants des traits de caractère du PDG. Quand le PDG était une femme décrite comme forte et indépendante (deux traits généralement associés aux hommes), les participants faisaient plus confiance à cette marque que si le dirigeant était un homme présenté comme sensible et serviable (deux traits plutôt associés aux femmes).

Autrement dit, une femme dirigeante inspire plus confiance si elle présente des traits jugés masculins et un homme inspire moins confiance s’il a des traits jugés féminins. On pourrait alors être tenté d’encourager les femmes à mettre en avant leur côté masculin au travail. Toutefois, en se comportant ainsi, elles risquent de colporter le stéréotype que le leadership est associé au masculin, ce qui risque de renforcer le plafond de verre. Bref, l’intérêt des femmes dirigeantes diffère de l’intérêt des femmes en général.

(1) Montgomery, N. V., & Cowen, A. P. (2019). How leader gender influences external audience response to organizational failures. Journal of personality and social psychology.

Auteur

  • Denis Monneuse