Dans son quatrième accord handicap, qui a pris effet au 1er janvier 2020, le groupe met l’accent sur les recrutements directs. Et l’ensemble des partenaires sociaux se sont accordés avec leur employeur dans le cadre de cette négociation.
Cinquante embauches en trois ans, dont au moins 60 % en CDI. C’est l’engagement phare contenu dans le 4e accord handicap couvrant la période 2020-2022 signé par le groupe Barrière. Le texte a été approuvé par l’ensemble des partenaires sociaux : CFDT, CFTC, FO, CGT, CFE-CGC. Une « négociation consensuelle », se réjouit Mélanie Formosa, directrice des ressources humaines du siège, en charge de la mission handicap : « Nous sommes partis du cadre initial de l’accord précédent, et cela a été très rapide. Nous avons négocié d’avril à août. Mon objectif consistait à ce que la Direccte le valide avant la fin de l’année pour que nous ayons les budgets et puissions mettre nos actions, de recrutement notamment, en place dès janvier 2020. »
L’aménagement le plus marquant par rapport à l’accord précédent ? La suppression de la prime pour les établissements qui embauchent une personne handicapée. « Nous préférons investir les budgets sur les recrutements eux-mêmes, et nous sommes constamment à la recherche de moyens innovants pour y parvenir », explique Mélanie Formosa, qui note que cette suppression convenait aussi aux partenaires sociaux. Autre sujet d’échanges, la sensibilisation des managers : « Il est important de les accompagner dans cette démarche. »
Du commis de cuisine au chef d’établissement, tous les postes seront ouverts à ces recrutements. Le groupe Barrière atteint aujourd’hui un taux d’emploi de 4 % sur les 6 % obligatoires, emploi direct et recours au secteur protégé confondus. Parmi les outils existants pour favoriser les recrutements, une formation interne, dédiée aux personnes handicapées, bâtie avec le Centre de réadaptation de Mulhouse (CRM). Trois sessions de neuf mois en alternance ont déjà été proposées pour former des commis de cuisine. Les cours regroupent de 6 à 8 personnes handicapées en cours de reconversion professionnelle. À l’issue, certaines ont poursuivi leurs études, d’autres ont été recrutées par d’autres entreprises, et plusieurs ont été embauchées chez Barrière (deux en CDD saisonnier, deux en CDD long, et trois en CDI). À l’image de Corinne Gerber, 53 ans, commis de production, chez Traiteur Barrière. Elle a fait partie de la première session de formation, ouverte en 2015. Sa certification de métier de cuisine en poche, elle a pu retrouver un emploi alors que plusieurs maladies la handicapent au niveau du dos et des membres supérieurs. « Il a fallu un an pour bâtir le contenu de cette formation, pratique et théorique », explique Mélanie Formosa, qui réfléchit au lancement d’une formation autour d’un autre métier.
Autre volet de l’accord triennal, le maintien dans l’emploi implique des aménagements de postes, de locaux, mais aussi d’horaires. Comme en témoigne Rémi Papoz, directeur de Traiteur Barrière, qui a intégré Corinne Gerber parmi ses 45 collaborateurs : « Nous avons sensibilisé les responsables hiérarchiques de Corinne à son rythme de travail. Nous sommes souples lorsqu’elle a un rendez-vous médical. Pour elle, nous avons surtout envisagé des aménagements de cet ordre, plus que du poste de travail. Mais pour d’autres recrues, nous avons adapté des fours, mis en place des ardoises et divers moyens de communication pour échanger avec une personne sourde… ». Les plans de travail mobiles, qui se lèvent ou s’abaissent, servent à l’ensemble des personnels, pour s’ajuster à leur taille par exemple, qu’ils aient ou non un handicap. « Nous avons mis un gros boost sur le bien-être au travail, pour tous les collaborateurs, et pas seulement pour les postes des personnes handicapées. » Même si Mélanie Formosa insiste sur les volets recrutement et maintien dans l’emploi, l’accord prévoit aussi des partenariats avec le secteur adapté et protégé de travail. Elle souhaite que ces liens s’ancrent avec des partenaires locaux et s’attèle, elle-même, à travailler avec des agences de communication RH qui dépendent d’Esat ou d’entreprises adaptées.
Fondé en 1912, le groupe Barrière compte aujourd’hui 33 casinos, plus de 140 restaurants, 18 hôtels… et emploie 7 000 collaborateurs. En 2018, le chiffre d’affaires du groupe s’établissait à 1,2 milliard d’euros.
