logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Formation : La filière bois du Grand Est cartographie ses emplois

Sur le terrain | publié le : 13.01.2020 | Pascale Braun, Mathieu Noyer

Image

Formation : La filière bois du Grand Est cartographie ses emplois

Crédit photo Pascale Braun, Mathieu Noyer

Face au manque de main-d’œuvre et à la nécessaire mutation des métiers, la filière forêt-bois lance une des toutes premières gestions prévisionnelles territoriales des emplois et compétences en France.

Les métiers de la forêt et du bois sont en plein bouleversement. Mais la visibilité reste très faible, selon les acteurs publics et privés de ce secteur d’activité dans le Grand Est. Pour l’améliorer, ils lancent un programme de gestion prévisionnelle territoriale des emplois et compétences (GPTEC), quasi inédit en France dans une filière « qui pèse un poids fort dans la région, puisqu’elle totalise 55 000 emplois, du bûcheron à l’ingénieur », souligne Pascal Triboulot, vice-président de Fibois Grand Est, la structure fédératrice de la profession. Présentée fin novembre, cette démarche de GPTEC va commencer par une rencontre des entreprises de la filière pour recueillir leurs besoins de recrutement, de niveaux de qualification des nouvelles recrues et de montée en compétences des salariés, ce qui n’avait jamais été fait de façon systématique. Toutes ces données seront collectées auprès d’environ 200 sociétés représentatives, pendant un an, et donneront lieu à une synthèse qui débouchera sur un plan d’action.

Fibois et ses partenaires ne partent pas dans le brouillard complet. L’observation de la mutation de la forêt-bois dresse un début de constat qui tourne autour du mot-clé de numérisation. « La filière vit depuis plusieurs années une transformation technologique majeure, marquée par la généralisation du recours aux machines à commande numérique y compris dans les PME et les TPE, et une robotisation des tâches dans les entreprises les plus importantes, à l’instar du fabricant de cuisines Schmidt. Il apparaît impératif que les salariés en poste ou nouvellement arrivés prennent eux aussi ce virage », souligne Pascal Triboulot.

Profils techniques recherchés

Sur le plan quantitatif, la filière est clairement en « tension », avec à la fois un besoin de main-d’œuvre et des difficultés pour la capter. Selon la coopérative Forêts et Bois de l’Est basée à Épinal (Vosges), qui emploie 120 salariés (travaux forestiers, scierie, valorisation du bois-énergie et négoce), le risque de pénurie porte essentiellement sur les métiers les plus techniques et les plus éprouvants. « Il n’est pas facile de trouver ni de garder des conducteurs d’engins, des ouvriers de scierie ou des empileurs de bois. Les postes des fonctions support sont plus faciles à pourvoir, même à de hauts niveaux, car notre massif forestier ne manque pas de gens formés et attachés au terroir », témoigne Alain Jacquet, directeur général.

Il appartiendra à la gestion prévisionnelle territoriale de valider les postulats de la profession et les orientations prioritaires que celle-ci en déduit : augmenter le nombre de jeunes formés aux métiers du bois, améliorer leur visibilité et leur connaissance des emplois proposés, mieux répartir les offres de formation au sein du Grand Est, en élargir le contenu, en particulier pour répondre aux transformations technologiques et numériques, formaliser des référentiels de compétences, accroître le taux de formation continue dans les TPE, assurer une meilleure sécurisation des parcours professionnels, etc.

Les passerelles avec d’autres secteurs d’activité seront aussi travaillées. Dans les scieries par exemple, les fonctions se rapprochent en bonne partie de la mécanique ou de la métallurgie et elles se confrontent à des enjeux similaires de montée en technologie : « Pour notre atelier d’affûtage d’outils de coupe, nous avons recruté un thésard dans le cadre d’un contrat de recherche pendant trois ans. Je ne pensais que nous en avions le besoin, or nous l’avons embauché définitivement », relate Paul Siat, directeur général de la scierie alsacienne éponyme, la plus importante en France avec un effectif de 330 salariés.

Pilotage par les Maisons de l’emploi

Pour mener la GPTEC, la filière a fait appel aux Maisons de l’emploi (MDE) du Grand Est. Ce choix relève de la logique : « Chacune de nos Maisons possède l’expérience de ce type d’exercice et des suites qui peuvent y être données, notamment pour ce travail transversal avec d’autres secteurs ou de montage de formations sur-mesure », signale Alexandra Waloislow, directrice de la Maison de l’emploi de Mulhouse-Sud-Alsace. Les huit MDE du Grand Est associeront leurs savoir-faire spécifiques et arpenteront leur bassin d’emploi respectif, de façon à ce que la GPTEC couvre l’ensemble du territoire régional.

Auteur

  • Pascale Braun, Mathieu Noyer