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Sur le terrain

RSE : L’entreprise des possibles tend la main aux sans-abri lyonnais

Sur le terrain | publié le : 06.01.2020 | Mathilde Régis

Sous l’impulsion de l’industriel Alain Mérieux, 38 sociétés se mobilisent pour la réintégration de personnes sans-abri à Lyon. À travers le fonds de dotation de L’entreprise des possibles, les projets visent à donner une « nouvelle dimension » à la RSE en rapprochant le monde de l’entreprise des associations de lutte contre la précarité.

Des missions de bénévolat abondées par l’employeur, des jours de congé offerts et des locaux vacants pour aider les sans-abri. À Lyon, le premier point d’étape de L’entreprise des possibles depuis sa création, en janvier 2019, est ambitieux. « En trois ans, nous devons régler le problème des sans-abri. Ce n’est pas un objectif inatteignable : nous sommes 600 000 salariés dans la métropole pour 3 000 sans-abri », expose l’industriel pharmaceutique Alain Mérieux. « Nos jeunes collaborateurs ont soif d’autre chose que d’économie », ajoute le patron lyonnais. Dès le départ, 22 entreprises se sont engagées sur trois ans – à hauteur de 400 000 euros chaque année – afin de garantir l’autonomie du projet. Aujourd’hui, 38 sociétés, soit un potentiel de 28 000 salariés, contribuent au fonds de dotation créé pour apporter des ressources à 13 associations qui œuvrent sur le terrain auprès de la population en grande précarité.

« Notre entrée est la mobilisation d’entreprises qui mobilisent elles-mêmes leurs collaborateurs », expose Isabelle Fieux, nommée directrice générale de L’entreprise des possibles. Plusieurs volets d’actions défiscalisables pour les sociétés sont proposés. Les salariés peuvent effectuer des missions de bénévolat, qui seront abondées par l’employeur sous la forme de temps supplémentaire pris sur les heures de travail, ou faire don de congés payés. Au mois de mai, quatre entreprises ont lancé une première campagne : 250 jours de vacances ont été donnés et représentent 115 000 euros transférés aux associations. En septembre, 48 missions de bénévolat se sont tenues pour de l’accompagnement scolaire, de la formation numérique ou des soirées jeux de société afin de rompre l’isolement.

Un accord spécifique chez Algoé

« Ce projet permet d’avoir une cohésion avec l’ensemble des salariés », se réjouit Philippe Valentin, à la tête d’un groupe spécialisé dans la construction de bâtiments industriels et nouveau président de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne. « Mais l’ingénierie pour donner des congés n’est pas si simple », reconnaît-il. Impliqué depuis le début, le cabinet de conseil en management Algoé a pris des mesures en conséquence. « Nous faisions déjà du mécénat de compétences avec un dispositif qui identifie les personnes qui veulent s’engager. Et nous avons fait un accord d’entreprise spécifique avec l’ensemble du CSE sur la financiarisation des jours de congé. Il a fallu le faire reconnaître par l’Urssaf et obtenir un rescrit, puis remonter à la direction du travail et au plus haut niveau de l’État. Ça a été long, mais ça a marché la première année », explique son président Pascal Gustin. « Certains DRH ont mis des freins face à la dose de complexité ajoutée à leur travail, mais ils s’y sont mis. Maintenant, trois grandes banques sont en train de le faire ainsi que d’importants groupes comme SEB », souligne-t-il. Sur la plateforme numérique développée par L’Entreprise des possibles, des supports sont à destination des RH pour les accompagner, notamment avec des exemples d’accords d’entreprise ou différentes manières d’identifier les jours de congé non pris dans le système de gestion des temps.

Trois projets en cours

Dans un volet consacré à l’immobilier, les sociétés peuvent également proposer aux associations des locaux vacants afin d’héberger des sans-abri pour une durée limitée. En dix mois, la mobilisation des adhérents a permis le soutien financier de trois projets pour venir en aide à 90 personnes. Le premier est l’installation d’un village mobile, issue d’un partenariat entre l’association Habitat et Humanisme et Bouygues Immobilier pour mettre à disposition un terrain de 3 000 m2 situé sur un ancien site de l’entreprise Nexans. Le fonds de dotation de L’Entreprise des possibles a financé l’acquisition d’une trentaine de conteneurs aménagés. Un village dans lequel les salariés des sociétés adhérentes pourront effectuer des missions de bénévolat.

Le deuxième projet vise à créer une bourse pour les jeunes qui sortent de la protection de l’enfance et se retrouvent sans ressources à leur majorité. Quant au troisième, il est porté par Entrepreneurs du monde et propose un accompagnement à la création d’entreprises dans le secteur de la restauration durable à Lyon.

Auteur

  • Mathilde Régis