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Sur le terrain

Sécurité au travail : Famat mise sur la formation par le dialogue

Sur le terrain | publié le : 16.12.2019 | Rouguyata Sall

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Sécurité au travail : Famat mise sur la formation par le dialogue

Crédit photo Rouguyata Sall

Les managers de l’entreprise Famat, implantée à Saint-Nazaire, ont suivi une formation à la sécurité fondée sur des mises en situation réelle dans les ateliers et sur des échanges avec les opérateurs pour analyser le non-respect des règles et améliorer la sécurité au poste de travail.

Les accidents sont souvent causés par le non-respect des règles de sécurité : c’est le constat à l’origine d’un programme de formation intitulé « échanges sécurité » lancé début 2019 par le cabinet Ayming. Une session a eu lieu au mois de novembre, pendant deux jours, à Saint-Nazaire, au sein des ateliers de la société Famat (400 salariés), joint-venture spécialisée dans la production de pièces pour les moteurs d’avions fabriqués par Safran Aircraft Engines et GE, ses deux maisons-mères. « La vraie question est comment arriver à mieux comprendre le facteur humain, explique le formateur Julien Jarry, consultant senior qualité de vie au travail chez Ayming. Donc pour cela, il faut de l’écoute, du dialogue, de l’analyse. » Fondés sur des entretiens, ces échanges amènent les managers de proximité à observer les collaborateurs qui ont des difficultés avec les règles de sécurité au travail, en saisir les raisons et percevoir si ces salariés n’en ont pas compris le sens ou ne sont pas conscients des risques encourus.

Chez Famat, cette formation s’inscrit dans la continuité de la politique sécurité et des actions engagées, telles que des sensibilisations au quotidien ou des analyses ergonomiques. « Malgré toutes ces actions, on se rend compte qu’à peu près la moitié des accidents sont dus à un non-respect des consignes de sécurité, qui sont pourtant connues. Donc, on se demandait comment aller chercher cette partie comportementale, comment convaincre les gens de respecter les règles », souligne Vincent Delessard, responsable sécurité et environnement (SE) de l’entreprise.

Des situations réelles

Cette formation élaborée par des ingénieurs en prévention, des ergonomes et des psychologues du travail du département QVT du cabinet Ayming, repose sur des situations réelles. « On passe dans les ateliers, on regarde si on ne constate pas une situation qui nous paraît à risque ou alors une situation positive qu’on veut faire ressortir », explique Pascal Cercleron, manager de proximité en production. Il cite, par exemple, le cas concret d’un opérateur qui travaillait près d’une pièce accrochée par une élingue au pont roulant, au lieu de poser cette pièce sur un outillage de manutention prévu à cet effet, qu’il n’a pas utilisé pour aller vite. « Après dix minutes d’entretien, il a compris l’intérêt d’aller chercher l’outillage dédié, et qu’on devait privilégier la sécurité avant tout. » Pour ce manager, l’échange sécurité « doit vraiment permettre à l’opérateur de formuler, de se rendre compte de ce pourquoi il se met en danger, de prendre conscience par lui-même de la situation. »

Vincent Delessard abonde en ce sens : « La force de cette formation est d’apporter une démarche d’échanges, et de communication, qu’on peut adapter en fonction des cas qui se présentent, des risques, de la personne, des comportements. » Le responsable SE de Famat a pu constater par lui-même l’impact immédiat de cette formation, avec une opératrice qui allait franchir un balisage de sécurité – pourtant une des cinq règles vitales SE de l’entreprise – lors de la réception d’une machine, bravant l’interdiction liée au risque d’émission de rayonnements ionisants. « On a échangé pendant une dizaine de minutes sur ce qu’elle s’apprêtait à faire, voir si elle avait bien pris conscience qu’il y avait un balisage et qu’on ne le franchissait pas comme ça. »

Deux heures plus tard, l’opératrice est venue d’elle-même indiquer au responsable sécurité que la prochaine fois, elle ne se mettra pas en danger pour gagner quelques minutes. « C’est ce qu’on cherche, c’est semer une graine dans la tête des gens, qu’ils réfléchissent et prennent conscience et deviennent autonomes sur la sécurité », précise Vincent Delessard qui reconnaît également que la conduite de ces échanges « oblige à être attentif à l’autre, à discuter, à essayer de comprendre son travail » et permet « de prendre du recul ».

Ainsi, fondée sur des mises en situation réelles au cours des deux jours, cette formation vise à convaincre par la preuve. Elle contribue aussi à l’échange de bonnes pratiques, en constituant des binômes de différents services. « Au-delà de la sécurité, c’est surtout une méthode pédagogique, de communication, qu’on peut déployer sur d’autres thèmes », constate Vincent Delessard.

Auteur

  • Rouguyata Sall