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Sur le terrain

Recrutement : Cursus maison pour les opérateurs de Delpharm

Sur le terrain | publié le : 16.12.2019 | Mathieu Noyer

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Recrutement : Cursus maison pour les opérateurs de Delpharm

Crédit photo Mathieu Noyer

L’entreprise pharmaceutique a bâti un cursus spécifique pour l’embauche d’opérateurs, en CDI ou en CDI intérimaire. Le contenu est identique, mais les voies de recrutement et la tenue des sessions restent séparées en fonction des deux publics.

En matière de formation, le groupe pharmaceutique Delpharm applique le principe du « deux en un » sur son site de production d’Huningue (Haut-Rhin), racheté en 2011 à Novartis. En effet, son titre professionnel d’« opérateur de production pharmaceutique » s’adresse à deux publics : les demandeurs d’emploi en vue de leur embauche en CDI d’une part, et d’autre part les personnels temporaires pour des CDI intérimaires, outil vu comme un moyen de fidéliser tout en gardant de la souplesse face aux variations des commandes. Le contenu de formation est identique, il a été élaboré par l’entreprise et par l’Institut de formation des industries de santé (Ifis) qui en assure l’enseignement théorique. Mais il se déroule en sessions distinctes de dix candidats chacune selon le public visé.

Le premier cursus pour les demandeurs d’emploi a été enclenché au printemps dernier, tandis que celui pour les intérimaires sera inauguré en janvier prochain. Les financements diffèrent également : dans le premier cas, le groupe et l’Opco de la branche santé prennent en charge les coûts pédagogiques, alors que le second fait appel aux concours de la région Grand Est et des agences de travail temporaire partenaires. Celles-ci recrutent les candidats, avec Delpharm, au sein de populations d’intérimaires pouvant faire valoir un début de qualification dans les métiers de l’entreprise. « Pour les demandeurs d’emploi, nous œuvrons avec l’agence locale de Pôle emploi en recourant à la méthode du recrutement par simulation. Celle-ci élargit notre champ de prospection : choisis à partir d’une centaine de participants à la réunion d’information initiale, les dix premiers postulants retenus présentent des profils très variés et viennent d’univers très différents, comme la restauration, la vente, l’accueil de la petite enfance », relate Karine Rousseau, DRH de Delpharm Huningue.

Au bout des filières classiques

Le site qui fabrique les formes liquides, semi-solides et pâteuses contenant le principe actif a enclenché cette démarche, après avoir épuisé toutes les voies classiques de recrutement, afin de pouvoir poursuivre sa cadence d’une vingtaine d’embauches par an, justifiée par sa croissance et le remplacement des départs. Son effectif est passé de 219 à 289 salariés (dont 54 % de femmes) depuis 2011. « Nos premiers besoins supplémentaires de main-d’œuvre concernaient des fonctions support et de techniciens de laboratoires. Ils ont été pourvus par le marché du travail classique et la filière académique (faculté de pharmacie, école d’ingénieurs de chimie de Mulhouse…). Les difficultés sont apparues lorsqu’il s’est agi de trouver des candidats en production : conditionnement de principes actifs, répartition, etc. Les annonces traditionnelles ont en effet suscité peu de réponses et la mise en place, en 2017, d’une stratégie de type marque employeur – participation à des salons, présentations en collèges, lycées, universités… – a donné quelques résultats, mais insuffisants », relate Guillaume Sabatier, directeur du site. De même, l’embauche en CDI d’une partie des intérimaires « ne suffisait plus, sans un ciblage vers les candidats les plus appropriés », constate le dirigeant.

Un CQP (certificat de qualification professionnelle) de conducteur de lignes existe dans le secteur d’activités voisin de la chimie. « Mais son parcours est long et n’est pas adapté à nos besoins, il est d’ailleurs conçu pour des salariés en poste plutôt que pour des “primo-accédants” au métier, le public que nous visons », selon Guillaume Sabatier.

Passer en mode anticipation

Compte tenu de sa croissance, le site Delpharm compte installer ce titre professionnel dans le temps. « Nous étions beaucoup dans la réaction, nous avons avec cet outil l’occasion de passer en mode anticipation », explique Karine Rousseau. L’hypothèse de l’ouverture de places à d’autres entreprises pharmaceutiques locales est en outre envisagée, Delpharm évoluant à quelques kilomètres du pôle mondial de Bâle en Suisse. Cette pérennisation et ce changement potentiel de dimension de la formation « maison » trouveraient un appui dans sa reconnaissance par l’Éducation nationale, sous forme d’inscription au RNCP (registre national des certifications professionnelles). La requête pourrait connaître une issue favorable dans les prochaines semaines.

Delpharm, laboratoire pharmaceutique détenu à 100 % par son management, emploie 4 750 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 750 millions d’euros. Il compte des sites de production en France, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas et au Canada.

Auteur

  • Mathieu Noyer