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Emploi : Nedroma forme ses conducteurs avant de les recruter

Le point sur | publié le : 16.12.2019 | Gilmar Sequeira Martins

Devant le tarissement des viviers traditionnels de conducteurs de cars, Nedroma joue son va-tout sur la POEC, en espérant même en faire son canal de recrutement principal.

La pénurie de conducteurs semble ne pas avoir de fin, constate Davy Amégan, DRH de Nedroma, une société de 215 salariés qui assure le transport scolaire sur 120 lignes dans l’Essonne (91) et le Val-de-Marne (94) : « Les personnes formées à la conduite de véhicules de transport collectif souhaitent de moins en moins faire ce métier ou se dirigent vers des segments comme le VTC ou le transport de marchandises, qui proposent des salaires plus attractifs. Cela génère un turn-over élevé comme dans tout le secteur des transports. » En moyenne, sur un an, la moitié des recrutés repartent vers d’autres secteurs comme le transport de marchandises ou le transport urbain qui offre des plannings plus réguliers, voire vers des domaines complètement différents.

Résultat : les canaux habituels de Pôle emploi ne fournissent plus assez de candidats, de sorte que 30 % à 50 % des postes seulement sont pourvus.

Pour enrayer ce processus qui entrave sa capacité à satisfaire la demande actuelle et bloque son développement, Nedroma a décidé de recourir à la Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC). Les candidats ayant répondu à l’offre d’emploi sont d’abord reçus par le DRH de Nedroma. Contre toute attente, leur capacité professionnelle à la conduite n’est pas forcément le point crucial. L’expérience commerciale joue un rôle au moins aussi déterminant, explique Davy Amégan : « Nous avons maintenant beaucoup de critères de qualité et d’indicateurs de performance. Du coup, il faut avoir une vraie compétence commerciale pour assurer un bon accueil. Nos clients nous évaluent sur la qualité de celui-ci et le respect des normes de sécurité. Le transport est un métier de précision et le conducteur doit être à l’écoute des passagers pour leur faire passer un bon moment. »

À cette aune, les femmes disposent d’un double avantage : la capacité à répondre à ces exigences commerciales et à mieux gérer le stress. Nedroma cherche donc à renforcer le nombre de conductrices et a souhaité que soit mise en place une règle de parité pour les POEC. Les candidats ayant travaillé avec des enfants bénéficient d’un atout aussi intéressant, car ils constituent la moitié des passagers transportés. Davy Amégan apprécie également les expériences dans des secteurs plutôt difficiles comme la restauration rapide ou l’aide à domicile : « Cela démontre une capacité de travail ».

Cabinets de recrutement

Début novembre, une quinzaine de candidats ont intégré une session de POEC. « Ils ont déjà une lettre d’engagement pour un CDI ou un CDD d’une durée d’un an », précise Davy Amégan. Ce schéma très classique a été préféré à la formule testée en 2017 qui débouchait sur un contrat de professionnalisation. « Les personnes étaient rémunérées à 80 % du salaire pendant la formation, mais aussi après, une fois en poste, alors qu’ils faisaient le même travail que leurs collègues, se souvient Davy Amégan. C’est une situation qui ne favorise pas la fidélité des nouveaux salariés. » Les candidats de la session lancée en novembre ont été recrutés par trois canaux : la cooptation interne (50 %), un job dating organisé par Pôle emploi (30 %) et le centre de formation (20 %). Après avoir représenté 30 % des recrutements en 2018, les femmes en constituent la moitié en 2019.

Estimant que « la POEC est un dispositif efficace et clair, tant pour l’employeur que pour le futur salarié », Davy Amégan voudrait pouvoir lancer de nouvelles sessions en 2020. Il pense même l’étendre à d’autres métiers : « Nous avons besoin de mécaniciens, de carrossiers, de spécialistes dans l’électronique ou la climatisation. Parfois, il a fallu passer par des cabinets de recrutement pour les trouver. » Malgré ses atouts, la POEC pourrait pourtant être améliorée avec un test sur véhicule léger. « Cela permettrait d’estimer le travail qui reste à faire en formation », précise le DRH de Nedroma, qui envisage de mettre à la disposition du centre de formation un véhicule d’une capacité de neuf places pour réaliser ce type d’évaluation.

Une semaine avant l’obtention des documents les autorisant à conduire des véhicules de transport, les personnes formées arrivent dans l’entreprise afin de faciliter leur intégration. Elles sont accompagnées pendant une semaine à quinze jours par un chauffeur référent. Cette période les familiarise avec le travail administratif et la manipulation des véhicules spécifiques comme ceux à gaz. Une fois franchi ce sas, les nouveaux venus exercent leur activité en totale autonomie. En 2019, la POEC devrait couvrir 25 % à 30 % des besoins de recrutement de Nedroma. À terme, l’entreprise espère arriver à un taux de 80 %.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins