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Les clés

Les inégalités des femmes au travail vues par la CGT

Les clés | À lire | publié le : 09.12.2019 | Lydie Colders

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Les inégalités des femmes au travail vues par la CGT

Crédit photo Lydie Colders

Destiné aux militants, ce livre de la CGT écrit par Maryse Dumas, ex-membre du bureau confédéral, Sophie Binet, chargée de l’égalité femmes-hommes et l’économiste Rachel Silvera retrace l’histoire de la lente féminisation du syndicat et de la place des femmes au travail. Un ouvrage intéressant pour sa fine analyse des inégalités salariales et sa critique des politiques d’égalité professionnelle.

Issu d’une campagne de consultation menée l’an passé sur la place des femmes au sein du syndicat, cet ouvrage historique de la CGT, très documenté, n’occulte pas les freins qui demeurent en interne, retraçant la lente percée des femmes cégétistes des années 1920 à 1985 ou les difficultés actuelles à atteindre la parité dans ses instances dirigeantes, chiffres à l’appui. Mais c’est surtout la partie consacrée à l’histoire des inégalités entre hommes et femmes qui est la plus éclairante. Une mise en perspective sur un siècle intéressante, du salaire d’appoint des femmes au XXe siècle aux temps partiels actuels qui touchent trois fois plus les femmes que les hommes jusqu’aux « professions féminines sous-évaluées », comme les infirmières. Alors que les écarts de salaires entre hommes et femmes restent encore de 18 % en 2019, les trois auteures rappellent que ce taux grimpe « à 23 %, entre pères et mères », selon l’Insee. Pour elles, les entreprises continuent donc de fonctionner « par anticipation négative » de la maternité, même si les femmes n’interrompent pas leur travail…

Critique des accords d’égalité

Si les auteures reconnaissent « des avancées » dans les politiques d’égalité professionnelle, elles en pointent les « effets élitistes » : « Des écarts de plus en plus grands existent entre celles qui réussissent – en partie – à faire reconnaître leur diplôme, qui intègrent les grands groupes et deviennent cadres avec les accords égalité, et les autres, la majorité, pour qui les risques de pauvreté en lien avec la précarité sont bien réels », selon l’économiste Rachel Silvera. Côté accords d’entreprises, le syndicat estime aussi qu’ils sont souvent trop centrés sur les femmes cadres et « sur les hauts potentiels », s’intéressant plus « rarement au cœur » des inégalités salariales. Une opinion politique très tranchée… Bien que la CGT ait soutenu la création de l’index salarial instauré en 2019 par Muriel Pénicaud, le livre évoque des critères trop « complexes », analysés de façon concrète. Les auteures y dénoncent « un indicateur biaisé » sur les écarts de salaires par catégories, « avec un seuil de pertinence de 5 % » qui permettrait aux entreprises du CAC 40 d’obtenir de bons scores. Un point de vue militant certes, mais très bien décrypté. Utile pour les élus des CSE, alors que cet index va s’appliquer aux entreprises d’au moins 50 salariés à partir de mars 2020.

Auteur

  • Lydie Colders