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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 09.12.2019 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Il n’y a pas de mot magique

Les émotions négatives ont rarement droit de cité au travail. Les salariés sont priés de laisser leurs soucis personnels à la porte de l’entrée de leur entreprise pour ne les reprendre que le soir en rentrant chez eux. Mais cette vision d’une séparation nette entre travail et vie personnelle est de plus en plus utopique. Avec les smartphones, notamment, le travail s’immisce à la maison, certes, mais la vie personnelle s’immisce aussi au travail.

Il arrive par conséquent que ce soit au travail que l’on apprenne une mauvaise nouvelle comme l’échec à un examen de son enfant ou le décès d’un proche. Le travail peut lui-même procurer des émotions négatives : on peut s’effondrer en pleurs si notre patron nous humilie en public ou bien si l’on n’obtient pas la promotion que l’on espérait depuis longtemps.

Si ce genre de choses arrive à l’un de nos collègues, à moins d’être indifférent, on aura envie de le réconforter. Mais quels mots utiliser pour lui apporter notre soutien ? « J’ai pas trouvé les mots pour expliquer l’inexplicable/J’ai pas trouvé les mots pour consoler l’inconsolable/Je n’ai trouvé qu’ma main pour poser sur ton épaule/Attendant que les lendemains se dépêchent de jouer leur rôle », slame Grand Corps Malade dans sa chanson J’ai pas les mots.

Shawna Tanner, chercheuse à l’université Wayne State aux États-Unis s’est associée à quatre autres collègues pour trouver les phrases qui seraient les plus réconfortantes pour les personnes en proie au chagrin. Ils ont alors mené trois études, la première auprès d’enfants, la deuxième auprès d’étudiants et la troisième auprès de membres d’un programme de formation thérapeutique. À chaque fois, il s’agissait de tester l’effet de certaines phrases visant à réconforter des personnes en difficulté. Ces phrases pouvaient revenir à minimiser la gravité de la situation, faire preuve de sympathie ou d’optimisme par exemple. Ensuite, on demandait à la personne souffrante si ces phrases avaient été réconfortantes. Les résultats de ces trois études ont été publiés récemment dans la revue Basic and Applied Social Psychology.

Verdict : il n’existe pas de mot magique universel apportant du réconfort. Telle phrase aura un effet positif sur une personne en souffrance, mais pas sur telle autre. Et le fait de partager les mêmes traits de personnalité que la personne en souffrance ne permet pas vraiment d’être mieux à même de trouver les bons mots pour la consoler. Ce n’est donc pas la peine de culpabiliser si l’on ne trouve pas les bons mots. Il faut connaître parfaitement la personne en question pour savoir quelle phrase sera vraiment réconfortante pour elle.

Les conclusions de cet article vont dans le même sens que la chanson de Grand Corps Malade citée précédemment : la seule solution universelle est la présence auprès de la personne en souffrance pour lui témoigner son soutien : « J’ai pas les phrases miracle qui pourraient soulager ta peine/Aucune formule magique parmi ces mots qui saignent/J’n’ai trouvé que ma présence pour t’aider à souffrir ».

Auteur

  • Denis Monneuse