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Royaume-Uni : La City se donne un visage plus humain

Sur le terrain | publié le : 02.12.2019 | Stéphanie Salti

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Royaume-Uni : La City se donne un visage plus humain

Crédit photo Stéphanie Salti

Réduction du temps de travail et allongement des durées de congés parentaux font partie des pistes de réflexion de la place financière londonienne pour se réinventer.

« Work hard and play hard ». Pour beaucoup, la City reste synonyme d’excès en tous genres : salariés portant des costumes hors de prix, bonus extravagants, fêtes grandioses après d’interminables journées de travail… Or cette image s’estompe pour laisser la place à un environnement plus humain et family-friendly. Exit ainsi les tenues vestimentaires trop formelles : les banques autorisent de plus en plus un dress code flexible. JP Morgan et Goldman Sachs ont initié ce mouvement qui se généralise aujourd’hui à l’ensemble des banques de la City. Dans le sillage du mouvement MeToo, les comportements inappropriés sont dénoncés au grand jour : après des révélations de harcèlement sexuel, le marché de l’assurance londonien, le Lloyd’s of London, a décidé de s’attaquer à la transformation de sa culture en adoptant un ensemble de normes et de mesures destinées à endiguer ce phénomène.

Réduire les horaires

Les pratiques de travail sont aussi en pleine mutation : début novembre, l’Association européenne des marchés financiers (AFME) et l’Investment Association (IA), qui représente les intérêts des gérants d’actifs outre-Manche, ont appelé à une réduction du temps de travail. Dans un courrier envoyé aux principaux acteurs boursiers en Europe, les deux lobbies proposent de décaler l’ouverture des Bourses à 10 heures et d’avancer la fermeture à 17 heures, soit 7 heures par jour au lieu de 8 heures 30 aujourd’hui. « Une réduction de 90 minutes créerait une plus grande efficacité et apporterait des bénéfices à la fois pour les épargnants et les investisseurs », soulignent les deux associations.

Cette réduction du temps de travail permettrait aussi un meilleur alignement par rapport aux autres opérateurs boursiers mondiaux : aux États-Unis, les traders travaillent 6,5 heures par jour tandis qu’en Asie, la journée de travail n’excède pas les 6 heures. Le dernier argument avancé risque aussi de faire mouche : non seulement la durée du travail excessive a un effet négatif sur la santé mentale des opérateurs mais elle constitue aussi un obstacle de taille au recrutement et à la diversité.

Égalité hommes/femmes

Or la diversité, et plus précisément l’égalité des genres, est devenue un enjeu, dans une activité financière encore largement dominée par des hommes, et tout particulièrement dans les plus hautes fonctions de l’entreprise : en 2016, 72 sociétés financières avaient ainsi signé la charte gouvernementale « Woman in Finance » par laquelle elles s’engageaient à publier les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes tous les ans. Elles sont aujourd’hui plus de 350, qui emploient quelque 800 000 salariés. Cet engagement n’est pas seulement la conséquence d’un phénomène de mode : une étude du Crédit suisse, datant de 2012, avait démontré que les entreprises dotées d’une femme au conseil d’administration généraient une rentabilité des capitaux propres et une croissance des revenus plus élevées que celles qui n’en avaient pas.

Depuis, les établissements financiers outre-Manche multiplient les initiatives pour résoudre la question de l’égalité des genres et attirer les talents. Dernière initiative en date : celle du gérant d’actifs Standard Life Aberdeen (SLA) : à compter du 1er janvier prochain, tous les jeunes parents pourront bénéficier d’un congé parental de 52 semaines, indépendamment du genre et de leur ancienneté dans l’entreprise. Les neuf premiers mois seront indemnisés à taux plein, comparé à quatre à cinq mois sous le régime précédent.

Une initiative généreuse : outre-Manche, les jeunes mamans peuvent effectivement bénéficier d’un congé maternité de 52 semaines, mais seules les six premières semaines sont indemnisées à hauteur de 90 % du salaire, avant d’être plafonnées à un montant équivalant à 700 euros par mois pour les 39 suivantes. Le Royaume-Uni a également introduit en 2015 un dispositif de congé parental qui autorise les deux parents à partager 50 semaines de congé dont 37 rémunérées.

« Nous sommes un employeur favorable aux familles et notre politique représente une opportunité susceptible de transformer la vie des jeunes parents, indépendamment de leurs situations familiales », souligne Rose Thomson, DRH au sein de Standard Life Aberdeen. L’initiative de SLA n’est pas isolée : d’autres gérants, à l’image de Jupiter Asset Management, Columbia Threadneedle et l’assureur Aviva ont également lancé ces derniers mois des initiatives de congés parentaux attrayantes.

Auteur

  • Stéphanie Salti