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Sur le terrain

QVT : Des « bienveilleurs » à l’écoute chez Bouygues Bâtiment

Sur le terrain | publié le : 02.12.2019 | Audrey Pelé

Le secteur du BTP n’échappe pas à la pression au travail. Pour prévenir plutôt que guérir, Bouygues Bâtiment France Europe a lancé un dispositif d’un nouveau genre qui permet aux salariés de « libérer la parole » sans être jugés.

Se confier lorsque l’on en ressent le besoin. C’est ce que peuvent faire dorénavant les 8 300 salariés français de Bouygues Bâtiment France Europe auprès des « bienveilleurs », des personnes référentes dans l’entreprise, prêtes à tendre l’oreille. « Nous voulions agir sur la prévention du stress car le milieu du BTP est impacté notamment à cause de la charge de travail qui est importante et du respect des délais. Nous avons alors eu l’idée de lancer ce dispositif qui est complémentaire à ceux existants et qui ne remplace pas le rôle du manager, des RH, de l’assistante sociale, de la médecine du travail ou des élus », explique Valérie Koïta, directrice prévention santé sécurité chez Bouygues Bâtiment France Europe.

Le bienveilleur, qui est lui-même un salarié volontaire, est donc là pour écouter un collègue en souffrance et l’orienter vers le bon interlocuteur, selon le besoin. La société table en effet sur le fait qu’un collaborateur ira peut-être plus facilement discuter avec un de ses pairs qu’avec un représentant de l’entreprise. On trouve des bienveilleurs dans toutes les catégories : chez les ouvriers, les cadres…

Accumulation des soucis

« Les salariés, jeunes ou moins jeunes, viennent me voir pour tous types de problèmes. Il peut s’agir d’une situation personnelle compliquée, d’une maladie, d’un conflit avec un collègue ou un manager. Mais c’est souvent l’accumulation de soucis personnels et professionnels qui a des répercussions sur leur travail et devient difficile à vivre. Nous cherchons alors ensemble une solution mais nous ne les jugeons pas », explique Philippe de Castro, responsable qualité environnement et pilotage de la performance (bienveilleur depuis la création du dispositif en octobre 2017) chez Bouygues Bâtiment Île-de-France.

Comme les 103 autres bienveilleurs, il a été sélectionné pour ses qualités d’empathie et sa bonne connaissance de l’entreprise, puis il a donné son accord. Tous les bienveilleurs suivent ensuite une formation de deux jours dispensée par le cabinet Stimulus, spécialisé dans la gestion du bien-être et de la santé psychologique au travail, avant d’endosser leur nouveau rôle. « Dans mon travail, je partage la moitié de mon temps au bureau et sur les chantiers. Ce rôle de bienveilleur est, en réalité, une officialisation de ce que je faisais déjà auparavant auprès des autres salariés, détaille Philippe Castro. La formation dont j’ai bénéficié m’a permis de structurer mon raisonnement et de poser les limites sur ce que l’on est capable de faire ou pas. On ne peut pas tout résoudre et il faut que l’on soit capable de garder de la distance avec les problèmes des autres salariés. »

La confidentialité garantie

Les bienveilleurs se rassemblent régulièrement entre eux, et en présence d’un RH, pour discuter de leur rôle dans un objectif d’amélioration mais en respectant toujours l’anonymat des échanges avec les salariés. Ils ne doivent pas dévoiler qui est venu les voir et ce qui a été dit. « Quand on a lancé ce dispositif, nous avons beaucoup insisté sur la confidentialité. Nous n’avons d’ailleurs pas d’indicateurs sur ce dispositif, nous ne mesurons pas le nombre de sollicitations par mois, par exemple, détaille Valérie Koïta. En revanche, si un bienveilleur fait face à une situation extrême, par exemple un salarié qui présenterait un cas de dépression lourde, il doit savoir lui dire que c’est grave et prévenir les RH. »

Un interlocuteur supplémentaire

Le dispositif, qui va être pérennisé, est approuvé par Force ouvrière, largement majoritaire au sein du groupe, (et à plus de 70 % chez Bouygues Bâtiment France Europe). Selon David Musel, secrétaire général adjoint FO du groupe Bouygues, « il n’est pas toujours facile pour un salarié d’aller voir les RH ou un syndicat. Aussi, nous ne voyons pas les bienveilleurs comme des concurrents mais comme un dispositif en plus, un lien de proximité supplémentaire pour un salarié ».

Auteur

  • Audrey Pelé