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La valeur sociale : un moyen de développer son entreprise ?

Les clés | À lire | publié le : 02.12.2019 | Lydie Colders

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La valeur sociale : un moyen de développer son entreprise ?

Crédit photo Lydie Colders

Le nouveau livre d’Isaac Getz et de Laurent Marbacher, consultant en innovation sociale, dresse un portrait de leaders « altruistes » dans différents pays. Avec à la clé une théorie : miser d’abord sur « la confiance » avec toutes les parties prenantes amènerait à la prospérité. Si l’enquête donne des idées, ce plaidoyer sur la valeur sociale peine à convaincre.

En entreprise, créer de la valeur sociale devrait être perçu « comme une finalité, non une contrainte ». Voici la thèse défendue par Isaac Getz et Laurent Marbacher dans cet ouvrage sur « l’entreprise altruiste ». Attention : par altruisme, les auteurs n’entendent pas une démarche dénuée d’intérêt économique. Mais plutôt des dirigeants qui rompraient avec la course aux profits, « et agissent avec un respect profond de leurs fournisseurs, de leurs clients, de leurs employés ou des territoires où elles opèrent ». Par rebond, « créer de la valeur sociale amènerait à la prospérité », selon eux. Pour illustrer cette philosophie de leadership, les auteurs ont rencontré une dizaine d’entrepreneurs un peu différents dans divers pays, des petites PME familiales aux grands groupes. L’enquête, très concrète, décrit leur vision et des initiatives très diverses : une laiterie française où le patron rémunère les éleveurs locaux le double du prix du marché, un banquier suédois qui aurait renoncé à une croissance exorbitante, un directeur de clinique finlandais qui mise avant tout sur le suivi des patients…

Une stratégie de la confiance ambiguë

Problème : on perd parfois le fil dans cette enquête de 500 pages qui mélange trop les genres. Derrière les incitations (« S’enrichir en donnant tout », « Agir pour le bien commun sans trop en parler », « Servir l’autre sans condition »), certains cas ressemblent davantage à une stratégie de la relation clients maline qu’à de l’altruisme, ce que les auteurs ne nient d’ailleurs pas. L’exemple d’un grand laboratoire japonais coté en bourse qui aurait rayé de ses statuts « la maximisation des profits » remplacée par « une prise en compte des besoins des clients dans ses valeurs » laisse perplexe. Et les salariés dans tout ça ? Cet état d’esprit suppose de leur « faire confiance, en excluant le contrôle », soutiennent Isaac Getz et Laurent Marbacher. Qui illustrent leurs propos avec l’exemple de cette banque à Stockholm, où le PDG « délègue le pouvoir à ses directeurs d’agence et à ses chargés de clientèle », et aurait banni les primes, qui « feraient prendre de mauvaises décisions ». Une politique louable, mais qui gêne sur la question de l’égalité des salaires, pilier de la RSE en France, ici décidés par les directeurs d’agence. Le livre fourmille d’idées, mais le concept de valeur sociale ne convainc guère…

Auteur

  • Lydie Colders