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Le fait de la semaine

RSE : Le bénévolat au cœur de l’engagement des salariés

Le fait de la semaine | publié le : 02.12.2019 | Gilmar Sequeira Martins

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RSE : Le bénévolat au cœur de l’engagement des salariés

Crédit photo Gilmar Sequeira Martins

Favoriser l’action bénévole des salariés ? Si les initiatives se multiplient, soutenues par un goût croissant pour l’engagement ponctuel, leur caractère parfois directif reste un frein.

Bientôt 35 ans. La journée internationale du volontariat qui se tient le 5 décembre a été instituée par l’assemblée des Nations unies en 1985. Inspirée de l’idée que « le volontariat peut changer le rythme et la nature du développement » et que « chacun peut donner de son temps et de son énergie pour améliorer les conditions de vie de millions d’autres », cette journée a progressivement fait sens avec la politique RSE des entreprises. L’engagement des actifs dans le tissu associatif et le bénévolat est ainsi devenu un enjeu majeur. Les pouvoirs publics se sont emparés de la question de la vie associative et missionné un groupe de travail. Dans son rapport remis en novembre 2014, il souligne que le sujet est « complexe » car il « doit prendre en compte à la fois l’envie d’agir de l’actif, les exigences du projet associatif, la capacité de soutien de l’employeur et le rôle d’impulsion des pouvoirs publics ».

Pour autant, les initiatives ne manquent pas. Parallèlement à la création de fondations pour favoriser le bénévolat, nombre de sociétés choisissent des modes d’actions plus directs. C’est le cas de Derichebourg Multiservices, spécialisée dans les services aux entreprises, qui a invité ses salariés à se mobiliser pour l’environnement durant la journée de Pentecôte. « Nous sommes dans une démarche qui vise à susciter l’engagement des salariés, explique Delphine Esculier, directrice RSE. Nous avons donc lancé l’initiative en interne pour voir si des personnes souhaitaient porter le projet et des salariés se sont manifesté, ce qui a permis de choisir les sites à nettoyer. Quand des démarches de ce type touchent des gens impliqués à titre personnel, alors ils deviennent des moteurs et les actions ont du succès. » Cette opération a mobilisé 250 salariés à Troyes, Strasbourg, Toulouse et Créteil. Elle devrait être reconduite en 2020 à une plus grande échelle afin de se déployer sur une vingtaine de sites naturels.

Progression du bénévolat ponctuel

Salesforce, éditeur de logiciels de relation client (CRM), revendique de son côté l’intégration du bénévolat dans son modèle de développement puisque chaque salarié peut consacrer 1 % de son temps de travail à des activités de bénévolat, soit 7 jours par an. « Cela représente 25 000 heures par an pour l’ensemble des équipes présentes en France et 4,5 millions au niveau mondial », précise Olivier Nguyen Van Tan, directeur marketing de Salesforce France. Les salariés contribuent ainsi à des associations comme Bibliothèque sans frontières, qui envoie des livres à des élèves défavorisés en Afrique, ou Main dans la Main, qui contribue à l’amélioration des conditions d’accueil des enfants malades de l’hôpital Necker.

Ce type d’action pourrait trouver un écho de plus en plus large auprès des salariés puisque le bénévolat ponctuel ou occasionnel progresse. C’est le constat que dresse France Bénévolat, un réseau de 80 associations nationales, qui mène des actions de sensibilisation dans les entreprises. L’étude qu’il a commandée en mars 2019 à l’Ifop l’indique clairement. Entre 2010 et 2019, la proportion de personnes disposées à donner un peu de leur temps « à une période précise de l’année ou à l’occasion d’un événement, quelques heures ou quelques jours par an » a progressé de 20 % à 29 %. L’étude note que les sondés sont de plus en plus nombreux « à faire valoir leurs contraintes » et leur envie de ne pas être « coincés » sur un engagement à long terme.

Les plus attirés par ce bénévolat occasionnel sont les jeunes de moins de 35 ans, étudiants ou non, et leur engagement sous cette forme progresse plus vite que le bénévolat régulier. France Bénévolat indique enregistrer la même évolution chez les bénévoles rencontrés dans ses « permanences », dans des « forums », et même parmi les « seniors ». Chez les plus de 65 ans, c’est malgré tout le bénévolat régulier qui domine encore.

Ces auspices favorables rencontrent cependant des freins. « Il y a des entreprises où la volonté d’engagement sociétal est confrontée à des problématiques de business : les managers n’arrivent pas à dégager le temps nécessaire pour mener la sensibilisation des salariés, explique Florence Boittin, responsable partenariat entreprise de France Bénévolat. Dans certains cas, les salariés préfèrent taire leur engagement bénévole car ils craignent que cela ne freine leur évolution professionnelle. » Elle déplore aussi le peu de cas que les sociétés font des souhaits de leurs salariés : « Il est rare que les entreprises [les] consultent sur les domaines dans lesquels ils souhaitent mener des actions de bénévolat. Le plus souvent, [les] directions décident dans quels domaines elles veulent orienter leurs collaborateurs, surtout si le projet est porté par une fondation. » Laisser la main aux salariés serait sans doute plus judicieux, surtout s’il s’agit de renforcer leur engagement. Mais renoncer à une prérogative n’est jamais facile, surtout de son plein gré.

Lire également l’exemple de Ceetrus page 19.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins