Les outils numériques professionnels (ONP) mobilisent toujours plus les salariés. Selon un sondage réalisé en octobre par OpinionWay pour le cabinet Eléas, 75 % les utilisent désormais plus de trois heures par jour, soit une progression de 8 points par rapport à 2016 (67 %). L’impact sur le travail est bien réel mais sa perception varie de façon importante selon les acteurs. DRH et salariés ne sont guère au diapason quant à l’impact positif des ONP sur la diversité des tâches (80 % c. 48 %), le rapport au client (79 % c. 47 %), l’organisation du travail des équipes (85 % c. 55 %), la coopération entre collègues (77 % c. 49 %), la rapidité de prise de décision (76 % c. 49 %) ou encore la gestion des urgences (81 % c. 55 %). Dans le meilleur des cas, l’écart atteint 26 points et dans le pire 32…
Les DRH sont pourtant très actifs. En 2019, 69 % d’entre eux ont mis en place des dispositifs pour former les salariés aux nouveaux usages du numérique et les managers à l’accompagnement des équipes dans un contexte de transformation numérique (42 %). Si 47 % des DRH d’entreprises de plus de 1 000 salariés ont aussi engagé un aménagement des espaces de travail, ce type d’action mobilise moins l’ensemble de leurs homologues (37 %). D’autres initiatives restent encore minoritaires comme la création d’une charte de bonnes pratiques de l’usage des e-mails (32 %), la gestion des e-mails durant l’absence des salariés (30 %), le télétravail (28 %) ou la création de règles de déconnexion (22 %). Au total, 96 % des DRH estiment que ces actions ont eu un impact positif sur la qualité de vie au travail des salariés.
Elles sont cependant loin de suffire pour réduire l’impact négatif des ONP sur les salariés puisque 43 % d’entre eux expriment une sensation de fatigue, 36 % se sentent submergés par l’afflux d’informations, 35 % se disent stressés et 32 % font état d’une diminution de leurs capacités de concentration. Les ONP provoquent aussi un débordement du temps de travail sur les soirées (47 % en moyenne mais 68 % chez les managers et 66 % chez les 15-29 ans), le week-end (45 % en moyenne mais 63 % chez les managers) et les vacances (35 % en moyenne mais 53 % chez les managers). Pour réduire le stress lié à l’usage des ONP, les salariés privilégient les pauses à intervalles réguliers (45 % en moyenne mais 54 % dans les grandes entreprises contre 29 % dans les TPE).
Autant de signaux qui n’empêchent pas les DRH de constater une amélioration de l’efficacité des salariés (39 %) ainsi qu’une meilleure compréhension des ONP (31 %), de la maîtrise de la charge de travail (31 %) et même une montée en compétences (29 %). Un cinquième d’entre eux (21 %) ont même constaté une amélioration de la qualité des relations interpersonnelles dans l’entreprise, voire une réduction du stress et de la fatigue des salariés (17 %).
Les DRH restent cependant hésitants sur les priorités. Un tiers (32 %) se trouve dans l’incapacité d’en choisir une. Si une part notable envisage le télétravail (22 %), les autres options ne récoltent que très peu de soutien. L’aménagement des espaces de travail ou la formation des salariés n’intéresse que 13 % des DRH et les autres options (charte de bonnes pratiques pour les e-mails, création de règles de déconnexion, etc.) recueillent moins de 10 % des suffrages… Ils ne sont pas pour autant indifférents au sort des salariés. Interrogés sur les trois améliorations prioritaires dont leur entreprise a besoin en matière d’accompagnement des ONP, ils citent une « meilleure maîtrise de la charge de travail », la « réduction du stress et de la fatigue des salariés » et leur « montée en compétences ». Reste à trouver les outils pour les concrétiser.