« Pour nos jeunes recrues, la formation et le développement professionnels passent par leurs pairs », observe Delphine Renard, directrice adjointe des ressources humaines de Capgemini. Aussi, parmi leurs attentes, figure, naturellement, le souhait d’avoir des retours sur leur travail. Une demande que l’entreprise s’est décidée à satisfaire, dans un contexte de forte pénurie de main-d’œuvre dans le secteur informatique : « Avec 6 000 recrutements par an, CDI, alternants, stagiaires… confondus, nous nous devons de nous montrer attractifs, et nous voulons garder les meilleurs », explique Delphine Renard. La DRH souligne que la nécessité de transparence est renforcée par l’inscription des entreprises dans « un monde ouvert, où tout se sait très vite ».

Dès lors, après l’avoir testé sur un site pilote rennais fin 2017, puis sur les nouveaux embauchés partout en France par son entité Appli Services à compter du 1^er janvier 2018, Capgemini a déployé un outil de feedback pour la totalité des grades A et B (les deux premiers échelons de carrière) sur l’ensemble du territoire national au 1^er juillet 2018. Cela représente 60 % des salariés de cette entité, qui compte 9 000 collaborateurs (sur les 24 000 présents en France). En à peine plus d’un an, près de 100 000 feedback ont été dispensés. Un beau succès, donc, aux yeux de Delphine Renard, qui précise que cet outil a été accompagné d’un travail de développement d’une culture du feedback : la presque totalité des career managers a déjà été formée à ce thème, au travers d’un module de 4 heures, en e-learning, puis de trois formations de 1 h 30, par téléphone, réalisées par un coach et s’appuyant sur des cas pratiques. Du côté des jeunes embauchés, une heure est consacrée au feedback dans l’onboarding. Les résultats semblent à la hauteur des attentes des uns et des autres, entreprises et salariés. « L’appropriation du feedback est bonne. Sur les 100 000 qui ont été réalisés, 4 sur 10 l’ont été spontanément ! », se félicite Delphine Renard.

Plus de transparence, donc, mais aussi une accélération de carrière à laquelle aspirent les plus jeunes : le nombre de promotions annuelles du grade A au grade B est passé de 22 % à 35 %, et de 11 % à 13 % des grades B aux grades C. De plus nombreuses rotations sur différents projets ont aussi été observées. « Le collaborateur n’a jamais été mis autant au centre du dispositif de management, et la fonction RH aussi importante !, sourit Delphine Renard. Notre contrainte, de manquer de main-d’œuvre, est devenue une opportunité de nous remettre en cause. »