Les seniors, toujours mal-aimés de l’entreprise ? La réponse mérite d’être nuancée, comme le prouve l’enquête menée début novembre par l’ANDRH auprès de 340 de ses adhérents. Premier constat : 45 % des entreprises mettent en place des pratiques visant à maintenir les seniors dans l’emploi. Les DRH sondés estiment qu’un « arrêt progressif de l’activité, anticipé plusieurs années en amont, est l’une des réponses les plus efficaces ». La moitié d’entre eux mettent déjà en œuvre la flexibilité du temps de travail, le télétravail ou les départs progressifs. Pour favoriser le maintien en emploi des seniors, les DRH souhaitent assouplir le dispositif de retraite progressive de deux façons : en l’ouvrant aux cadres au forfait jours et en abaissant le plancher des 150 trimestres de cotisations.

Au chapitre de la santé, ils plébiscitent certaines pratiques comme la prise en charge d’une surcomplémentaire santé ou les bilans de santé annuels gratuits afin d’assurer une meilleure prévention au service des salariés seniors. Les DRH appellent de leurs vœux une augmentation du nombre de médecins du travail et un renforcement de la Carsat. Ils attirent aussi l’attention sur les métiers entraînant une usure physique et/ou psychique importante. Selon les DRH sondés, il faut anticiper les fins de carrière pour les seniors concernés et pouvoir lancer un bilan de compétences dès 45 ans afin d’envisager plus facilement un accès à la formation propice à des reconversions.

Si 44 % des DRH sondés favorisent la mixité des âges dans leurs équipes, ils notent cependant la persistance de « forts stéréotypes liés à l’âge et la nécessité de valoriser les actifs expérimentés ». Les dispositifs de transfert des compétences peuvent favoriser un tel objectif tout en assurant le maintien du savoir-faire et en renforçant la motivation des seniors. Les DRH regrettent toutefois que la réforme de la formation professionnelle ait rendu plus difficiles de telles démarches.

Pour favoriser l’emploi des seniors et fluidifier le marché du travail, les DRH proposent d’autres mesures telles que la création d’une plate-forme dédiée proposant des modalités d’activité souples (travail à temps partagé, des temps partiels cumulables, du mécénat de compétences, de l’intérim, etc.), un allégement des démarches administratives afin d’améliorer l’accès des PME au mécénat de compétences, le maintien des cotisations retraites pour favoriser le temps partagé ou le temps partiel. Enfin, 68 % des DRH interrogés approuvent la proposition de l’ANDRH de créer un index seniors calé sur des indicateurs objectifs comme le taux de recours aux dispositifs de sortie progressive de l’emploi, le taux de recrutement des plus de 45 ans, le taux de départs à la retraite après l’âge légal, le taux de formation professionnelle…