Meryem Le Saget conseil en entreprise
Les collaborateurs n’en peuvent plus des circuits compliqués et des arcanes de prise de décision qui alourdissent le quotidien. L’aspiration à la simplicité prend de l’ampleur partout, comme une révolution silencieuse. Mais par où commencer pour simplifier ?
Peter Drucker, le « pape du management », suggérait déjà dans les années 90 de passer régulièrement au crible les tâches couramment accomplies dans l’organisation. Mais au lieu de se demander « À quoi sert cette tâche ? », car chacun trouve toujours le moyen de justifier ce qu’il a l’habitude de faire, il proposait de s’interroger autrement : « Si l’on arrêtait de faire cette tâche, les conséquences seraient-elles catastrophiques ? » Lorsque la réponse est non, on peut passer à l’étape suivante de simplification.
Bien sûr, Drucker suggère de mener cette réflexion de façon collaborative, pour que toutes les personnes concernées par le système évalué puissent donner leur point de vue et accepter l’élimination de l’inutile. L’inutile, c’est ce qui n’apporte aucune valeur, ni au client, ni à l’organisation, ni à l’équipe. Combien de procédures auraient ainsi besoin d’être revisitées ? Combien de pratiques consommatrices de temps et d’énergie gagneraient à être carrément supprimées ? Mais plongés comme des automates dans un quotidien sous pression, nous nous donnons rarement ce recul salutaire.
Simplifier, c’est aussi ne pas en rajouter. Le mieux est parfois l’ennemi du bien. N’en rajoutons pas à nos collaborateurs ou aux personnes qui nous entourent par des exigences tatillonnes ou des excès de perfectionnisme. Le micromanagement, cette mauvaise habitude de contrôler jusque dans les détails les tâches confiées à d’autres, tue la confiance et épuise les troupes.
Tant de tensions naissent de négligences ou d’incompréhensions non traitées à temps. Simplifier le travail revient donc à intervenir rapidement pour ne pas laisser s’installer de conflits. Dans le domaine interpersonnel, simplifier suppose donc d’oser parler avec transparence des sujets qui fâchent. Plus une tension est traitée en amont, moins la clarification s’avère douloureuse.
Simplifier, c’est enfin adopter des habitudes de développement durable, consommer mieux, recycler, retrouver le sens de la mesure, arrêter d’empiler des choses. La frugalité est particulièrement efficace pour simplifier le quotidien ! Plus qu’une approche, d’ailleurs, c’est une philosophie de vie qui permet d’être acteur d’un monde durable et de redéfinir la croissance.
Pour certains, simplifier passe par un retour aux valeurs essentielles et une réflexion sur ce qui a vraiment du sens. Cela explique l’intérêt croissant des personnes pour des activités utiles dont elles se sentent fières. Plus les valeurs profondes sont nourries, d’ailleurs, moins la frénésie de consommation s’exprime. Personne ne souhaite se tromper de combat en perdant sa vie à la gagner.