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États-Unis : Baker McKenzie se distingue sur l’inclusion des LGBTQ

Sur le terrain | publié le : 18.11.2019 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Baker McKenzie se distingue sur l’inclusion des LGBTQ

Crédit photo Caroline Crosdale

Le cabinet juridique a pour objectif d’avoir, parmi ses équipes, 40 % de femmes, 40 % d’hommes et 20 % de salariés dits « fluides ».

Alors que les juges de la Cour suprême américaine planchent sur une éventuelle protection des salariés LGBTQ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres et Q pour ceux qui se posent des questions), certaines entreprises pionnières s’adaptent aux nouvelles réalités sociétales, sans attendre la décision des sages, prévue pour le début de l’année 2020. C’est le cas du cabinet d’avocats d’affaires international Baker McKenzie, dont le siège est à Chicago. Anna Brown, directrice de la diversité et de l’inclusion pour le cabinet, s’est fixé un objectif pour 2025 : avoir, parmi les équipes, 40 % de femmes, 40 % d’hommes et 20 % de salariés dits « fluides » (homosexuels, transgenres ou non-binaires). Cet objectif, explique-t-elle, traduit la culture de l’entreprise. « La diversité chez nous se vit au quotidien. Nous voulons que chacun se sente authentiquement soi-même. Quand nous pensons aux sexes, c’est bien au-delà du masculin et du féminin. Et nous désirons bien sûr inclure nos collègues non-binaires. »

Pour l’instant, le cabinet juridique est loin d’avoir atteint sa cible. En Amérique du Nord, 2 % seulement des avocats de Baker McKenzie cochent la case LGBTQ. Mais certaines étapes ont déjà été franchies, notamment sur la féminisation. Christine Lagarde, la toute nouvelle présidente de la Banque centrale européenne, a été autrefois la première femme à prendre la direction de Baker McKenzie. Depuis, 40 % des associés en Amérique du Nord sont des femmes. « Il faut nous assurer que cela devienne la norme dans le monde », insiste la responsable de la diversité.

Les efforts de Baker McKenzie ont fait l’objet de multiples récompenses. Le cabinet est ainsi cité par l’association anglaise Stonewall (en référence à la révolte des homosexuels contre les violences policières, en 1969, à New York) parmi les meilleurs employeurs pour les LGBTQ. McKenzie a aussi été distingué par l’organisation Lambda Legal pour son travail pro bono de défense des jeunes LGBTQ sans domicile. Et David Palumbo, associé canadien du groupe, fait partie du conseil d’administration de You Can Play Project, une association soutenant les jeunes sportifs LGBTQ.

L’exemple des toilettes

« Certes, nous n’avons pas de contrôle sur les lois locales, reconnaît Anna Brown. Ainsi, au Moyen-Orient, l’homosexualité reste un sujet sensible. Mais chez nous, dans nos bureaux, vous pouvez être vous-même, nous vous respectons. » Dans chaque filiale Baker McKenzie, il existe un associé référant, défenseur de l’inclusion. Et le cabinet dispose d’un code de conduite dans le but de respecter chacun des collaborateurs. Ainsi, si, par exemple, l’un d’eux décide de changer de sexe, il prévient les ressources humaines et ensemble, intéressé et expert RH mettent au point un plan de communication. Aux États-Unis, pays puritain par excellence, on parle aussi des toilettes… Lesquelles fréquenter ? Comment ne pas froisser la sensibilité des uns et des autres ? Le sujet amuse Anna Brown. « J’ai rendu visite à nos collègues à Paris, raconte-t-elle. Et là, il n’y a qu’un WC pour tout le monde. J’espère bien que nous allons suivre l’exemple français, c’est tellement plus simple ! ».

En attendant, aux États-Unis, le juriste transgenre fréquente les toilettes où il se sent le plus à l’aise.

Pour atteindre ses objectifs, Baker McKenzie soigne aussi sa politique de recrutement. Le cabinet a élargi son terrain de chasse à trente universités en Amérique du Nord, bien loin des habituelles six prestigieuses institutions sur lesquelles se reposaient autrefois les recruteurs. En outre, les relations avec ces universités sont cultivées toute l’année. On ne se contente pas des journées portes ouvertes. Les représentants du cabinet juridique viennent expliquer comment présenter les meilleurs CV et préparer les entretiens. Ils fréquentent aussi les divers groupes d’influence installés sur le campus, pour détecter les candidatures potentielles. « Soyez vous-même, participez, montrez-nous votre créativité », conseille Anna Brown, convaincue que la guerre des talents ne se joue pas sur l’orientation sexuelle mais sur « la curiosité, le sens du détail, l’énergie ». « C’est ce que nos clients attendent », conclut-elle. Chez Baker McKenzie, on se dit persuadé que la diversité est essentielle pour la bonne marche des affaires. « Sans diversité, vous ne saurez pas repérer la prochaine grande idée », prédit ainsi Anna Brown.

Auteur

  • Caroline Crosdale