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Les clés

Quel avenir pour le travail ?

Les clés | À lire | publié le : 18.11.2019 | Lydie Colders

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Quel avenir pour le travail ?

Crédit photo Lydie Colders

Fruit d’un colloque au Collège de France et édité pour le centième anniversaire de l’Organisation internationale du travail (OIT), ce livre coordonné par le juriste Alain Supiot réunit une vingtaine d’avis d’enseignants pour réfléchir à l’avenir du travail au XXIe siècle. Une belle réflexion sur la révolution numérique.

La révolution technologique, le réchauffement climatique causé par le travail et les normes sociales pour garantir un travail décent face aux accords transnationaux « qui favorisent la concurrence au plus bas prix » : voici les trois défis majeurs qui se profilent pour l’OIT pour le siècle à venir, selon les auteurs de ce livre collectif. Alliant réflexion globale et éclairages dans certains pays (Chine, Inde, Russie…), les contributions des enseignants, juristes en droit du travail, économistes ou historiens sont vastes et souvent de haute volée. Curieusement, l’ouvrage est un peu juste sur le « péril écologique », n’abordant que certains sujets comme l’agroécologie ou un appel à sortir de la croissance, en « comptabilisant dans l’activité le bien-être humain et la soutenabilité écologique », point de vue pertinent mais bref, soutenu par l’économiste Eloi Laurent.

Repenser le droit du travail à l’ère numérique

En revanche, le livre est nettement plus fouillé sur la transformation de l’emploi face à la révolution numérique, enjeu pris très au sérieux par les auteurs « face aux investissements massifs et aux progrès rapides de l’intelligence artificielle ». Avec des idées souvent intéressantes : la nécessité de repenser le droit du travail face à la « migration des emplois » en formant des juristes « qui comprennent ces enjeux technologiques et leur potentiel d’évolution » (Stéphane Mallat, enseignant au Collège de France) ou sur les risques éthiques (perte de connaissances des salariés face aux algorithmes, le vrai « savoir constituant la richesse »), signal envoyé par le philosophe Bernard Stiegler. À méditer…

Des socles sociaux face à l’ubérisation

Critiques sur l’hégémonie des plateformes qui « s’enrichissent » du travail précaire des indépendants, les auteurs y voient un enjeu « démocratique » pour les États. Et questionnent le problème de l’ubérisation, insistant sur l’urgence de créer un nouveau cadre protégeant les travailleurs sous-traitants. À lire en particulier, le point de vue du juriste anglais Nicola Countouris analysant les propositions en cours au niveau mondial : extension de certains droits universels du travail, appréciation juridique de dépendance économique en complément du lien du subordination, voire définition du travailleur plus vaste « engagé par une autre personne pour fournir du travail sans développer d’activité à son compte ». Des débats très instructifs.

Auteur

  • Lydie Colders